Rencontre : La transmission avec Vanessa Guillaumet

0
2299

Vanessa Guillaumet, conseillère en gestion de patrimoine chez Allianz Expertise et Conseil, est une experte en transmission d’entreprise, un sujet crucial pour les chefs d’entreprise. Avec près de quinze ans d’expérience, elle accompagne les dirigeants dans ce passage de relais, souvent complexe. Parmi eux, de nombreux restaurateurs qui œuvrent dans un secteur où transmettre un savoir-faire est aussi délicat que céder un patrimoine. Avec le chef Gérard Cabiron, elle partage une vision commune : pérenniser l’excellence.

Dans le monde de l’entreprise, la transmission n’est pas qu’une affaire de chiffres. “On ne transmet pas qu’un patrimoine, on transmet aussi une vie, des valeurs, un savoir-faire”, explique Vanessa Guillaumet, conseillère en gestion de patrimoine d’Allianz Expertise et Conseil. Parmi les chefs d’entreprise qu’elle accompagne et qui sont démunis face à cette étape, se trouvent de nombreux restaurateurs.

“Dans la restauration, c’est encore plus délicat. Les chefs ne transmettent pas seulement des murs ou un fonds de commerce, mais une identité culinaire, une philosophie”. Vanessa insiste sur l’importance d’anticiper : “Beaucoup attendent l’âge de la retraite, voire un événement imprévu. Mais c’est en amont qu’il faut agir, pour éviter que tout s’écroule”. Elle évoque les difficultés spécifiques au secteur : la peur de perdre des clients, la réticence à évoquer un départ imminent avec ses équipes, ou encore le défi de trouver un repreneur partageant la même vision. “Parfois, c’est un enfant, mais ce n’est pas toujours le cas. Il faut aussi considérer les collaborateurs, ceux qui ont grandi avec l’entreprise”.


C’est là que des outils comme le pacte Dutreil interviennent, permettant une transmission optimisée sur le plan fiscal. “Ce dispositif est encore trop méconnu, alors qu’il peut vraiment faciliter les choses”, précise-t-elle. Mais au delà des chiffres, Vanessa souligne l’importance du facteur humain. “Transmettre, c’est aussi savoir se retirer, et ça, c’est souvent le plus dur. Les chefs ont consacré leur vie à leur entreprise. Renoncer, c’est parfois comme tourner le dos à une partie de soi”. Elle note également une analogie intéressante entre son métier et celui de Gérard Cabiron, chef pâtissier de renom. “Nous partageons des valeurs communes : rigueur, précision, et une vision de la transmission comme un patrimoine à préserver, qu’il soit financier ou culinaire”.

Deux univers différents mais unis par la même quête de pérennité et d’excellence. Dans la restauration, l’attachement émotionnel au métier et aux équipes complique souvent le processus. “Les chefs ont du mal à lâcher prise. Pour certains, transmettre signifie perdre une partie de leur identité”, analyse Vanessa. Cette hésitation peut retarder des décisions cruciales, avec des conséquences lourdes. Préparer la transmission ne se limite pas à des considérations financières : c’est un projet de vie. “Il faut accompagner le chef d’entreprise dans sa réflexion globale, en tenant compte de ses aspirations personnelles et professionnelles”.

Vanessa met aussi en garde contre un piège courant : l’absence de communication. “Parler de transmission peut inquiéter les salariés ou les clients, mais ne rien dire peut être encore plus dommageable à long terme”. Dans un secteur où tout se joue sur l’humain, Vanessa le sait: réaliser une transmission réussie, c’est garantir la continuité d’une passion et le respect de l’héritage laissé par ceux qui passent la main. “Chaque entreprise est unique, tout comme chaque chef. Notre mission consiste à trouver l’équilibre entre performance et sérénité”.