Le monde de la gastronomie française vient de perdre l’un de ses témoins, et non des moindres. Serge Vieira, au sommet de son art, a rendu son tablier ce 1er juillet, laissant derrière lui un patrimoine culinaire aux saveurs aussi riches que variées.
Sous le ciel de Clermont-Ferrand où il vit le jour, dans le berceau d’une famille d’origine portugaise, Serge Vieira a développé très tôt une curiosité insatiable pour les saveurs du monde. Ce Cantalien d’adoption n’a pas simplement mis Chaudes-Aigues sur la carte gastronomique ; il a fait de ce coin du Cantal un véritable laboratoire d’expérimentation culinaire, réinventant chaque jour la cuisine française avec un brin d’audace et une pincée de génie.
Avant d’être chef, le jeune garçon rêvait de devenir dessinateur industriel. Mais heureusement pour nos palais, le destin en a décidé autrement. C’est ainsi qu’après s’être formé auprès des meilleurs — saluons au passage les illustres Dominique Robert et Régis Marcon —, notre artiste à la toque blanche se voit décerner à 27 ans le prestigieux Bocuse d’Or, cette coupe du monde des chefs qui sacre les étoiles montantes de la gastronomie.
Au château de Couffour, dans ce vaisseau d’acier et de verre, Serge Vieira orchestre une symphonie de saveurs, une danse subtile entre tradition et modernité, où chaque plat est une œuvre d’art à part entière. Les mots du Guide Rouge ne tarissaient pas d’éloges à son sujet, citant une technique qui “ne prend jamais le pas sur le goût”. Un compliment suprême dans un univers où la technique peut souvent éclipser la substance. Mais loin de tout esprit de chapelle, le chef a toujours cherché à partager, à transmettre, faisant de son restaurant deux étoiles Michelin bien plus qu’un lieu de restauration : un lieu de vie, d’expérience et d’échange. Une vision qui perdurera, comme l’assurent sa famille et ses collaborateurs, promettant que l’hôtel et le bistrot Sodade continueront d’accueillir les amoureux de bonne chère pour leur faire “vivre l’expérience Vieira”.
Texte Marie Gineste