Installé au Cailar, au Mas du Pont de Laute, l’homme est à la tête d’un élevage de chevaux et de taureaux de Camargue. Nous sommes allés à sa rencontre en compagnie de la cheffe Carole Soubeiran, du Bistrot de Caro à Lunel. Immersion au coeur d’une Camargue préservée.
S’il n’est pas du sérail, son attachement aux traditions camarguaises remonte à sa toute jeune enfance. “Alors que j’avais quatre ans, ma grand-mère avait gagné 10 000 francs au tiercé. Avec, elle m’a offert un poulain. Pourquoi ? je ne sais pas, je n’étais jamais monté sur un cheval, mais elle a bien fait !”, nous raconte Renaud Vinuesa. À treize ans, il devient amateur dans une manade. “J’ai vraiment découvert cet univers à ce moment-là, et j’ai été piqué par le virus”, se souvient-il. Renaud apprend le métier “sur le tas”. “Au départ j’étais bénévole sur une manade, puis gardian salarié dans l’un des meilleurs élevages de la région pendant plusieurs années aux Salins de Giraud. Ce fut extrêmement formateur, ce sera un peu mon école”. Finalement, Renaud s’installe seul et se lance dans l’élevage des chevaux. C’était il y a presque trente ans.
“Au départ, je faisais du dressage pour des manadiers ou des particuliers. Je m’occupais de chevaux difficiles. Pour pouvoir travailler dans le détail, je me suis fait prêter des vaches. L’année d’après, j’en ai acheté une dizaine. Aujourd’hui j’ai 188 taureaux et 70 chevaux”.
Renaud a la chance d’acquérir de très bons taureaux assez vite avec lesquels il fait des courses camarguaises, des ferrades, des réceptions de groupes mais aussi des spectacles autour de la culture camarguaise, l’histoire des traditions et le pastoralisme.
“C’est ce qui nous permet de pérenniser notre activité et de nous faire connaître”. La France, l’Italie, la Hongrie ou encore le Maroc, rien ne l’arrête. “On ne galvaude pas ce que l’on fait ni ce que l’on est. On est en piste comme on est dans la vie. Notre souhait, finalement, c’est simplement que les gens apprécient ce qu’ils voient et que chevaux et taureaux soient valorisés et respectés”, explique le manadier. Si ses taureaux sont destinés essentiellement aux courses, certains partent à la restauration. “Nos objectifs de sélection sont essentiellement sur la course. Ce qui explique la qualité de la viande. On ne pousse pas alimentairement pour faire du rendement”. Renaud laisse faire la nature. “C’est une viande qui prend le temps de vieillir, il y a du muscle”. explique Carole. Certains de ses taureaux sont donc abattus après six ans, généralement ceux qui ne sont pas bons pour les courses.
“Ils sont envoyés à Tarascon, le seul abattoir qui garantit l’AOP, puis vendus soit en direct aux restaurateurs, soit à un courtier. Je ne fais pas de vente aux particuliers, c’est un autre métier, je n’en ai pas le temps”.
À l’inverse, s’ils sont bons, ils peuvent avoir une longue carrière. “J’ai un taureau qui a dix-sept ans. Il va faire sa course d’adieu cette année à Lunel au mois de juillet. Il finira sa vie ici, dans les champs”. Du taureau de Camargue, Renaud est un véritable ambassadeur. “Ils sont particulièrement intelligents. Ils ont une analyse du territoire, des personnes, qui est assez impressionnante. C’est ce qui me plaît, et c’est pour cela que j’essaie dans mon travail de composer avec eux plutôt que d’aller contre eux. C’est seulement de cette manière que l’on peut arriver à réaliser des choses assez exceptionnelles, notamment dans les spectacles”.
Information complémentaire :
Mas du Pont de Laute
Manade Renaud Vinuesa
Route du Pont des Tourradons – 30740 Le Cailar
T. 06 22 81 49 11