Jérôme PITORIN est journaliste, producteur, réalisateur et animateur de télévision. Il est surtout connu pour coprésenter l’émission “Échappées Belles” diffusée tous les samedis à 20h50 sur France 5 avec Sophie JOVILLARD et Ismaël KHELIFA. De Rio de Janeiro à Londres, et de Mexico au Bénin, il a visité plus de 80 pays pour nous offrir des tranches de 90 minutes d’évasion et de rencontres autour du globe. À 53 ans, il est également co-auteur de plusieurs livres dont Nos Échappées Belles (2012), Découvrez les plus belles villes d’Europe (2013) et Invitations au voyage (2020). Il expose également régulièrement de très belles photos de ses plus beaux voyages.
Jérôme Pitorin, merci de nous recevoir, que faites-vous à Montpellier ?
JP : Nous venons de terminer le tournage d’une émission “Échappées Belles”. Nous sommes venus ici pour profiter de la douceur de Montpellier et de la région, pour mettre en avant des lieux, des personnages, des traditions, et l’identité de ce territoire. En résumé, pour donner envie aux téléspectateurs de venir s’aventurer ici ! Nous racontons cela sur le format d’une escapade de quatre jours, avec beaucoup de choses, d’activités, de rencontres… L’émission va être rythmée, chargée ! Car ce que nous aimons, c’est avant tout sortir des sentiers battus et surprendre le téléspectateur. Il n’est pas rare que l’on croise des personnes qui nous disent : “Oh mais c’est ma ville, ma région, j’ai appris plein de choses que je ne savais pas !” Donc, je pense que vous allez éprouver du plaisir à revoir différemment des choses que vous connaissez, ou que vous pensez connaître.
Vous avez grandi dans les Deux-Sèvres et fait vos études de communication à Poitiers, que gardez-vous comme souvenirs d’enfance culinaires ou gastronomiques ?
Ma grand-mère paternelle était très bonne cuisinière. C’étaient des gens très modestes qui vivaient à la campagne, il y avait une basse-cour, des lapins, des poules, un jardin potager dans lequel on retrouvait tout ce qui pouvait pousser dans la région… On avait vraiment à portée de main tout ça. Idem pour les arbres fruitiers. Et ce dont je me souviens, c’est que j’allais chercher dans le jardin ce que j’avais envie de manger le midi et, quelquefois, j’allais chercher mon dessert dans les arbres ! Et quand on a eu la chance de vivre ça, c’est vrai que l’on est très vite éveillé au goût. Rapidement, on sait ce qu’est un fruit, on sait à quelle saison il pousse et puis, évidemment, sans aucun produit chimique. Même si la cuisine était simple, quelquefois roborative, c’était une cuisine de famille. Mes parents cuisinent très bien également. J’ai été assez vite gourmet et gourmand ! D’ailleurs, chez moi, c’est moi qui fais la cuisine. Je viens d’une région où il n’y a pas de grande culture du restaurant. Il n’y a pas de grandes tables étoilées ni de bistronomie. Parce que les gens cuisinent beaucoup chez eux. Ma grand-mère a toujours su réaliser les recettes traditionnelles françaises, sans vraiment avoir la vraie recette, un peu au feeling. Du coup, je ne sais pas si c’est par mimétisme (rires), mais je ne sais pas faire la cuisine avec une recette, je n’aime pas ça. Je fais ça au pif, je prends ce qu’il y a dans le frigo. Je suis plutôt un peintre qui part dans tous les sens que quelqu’un qui va faire les choses pointilleusement. Je ne suis pas Dali, je suis plutôt Warhol !
Quel est votre meilleur souvenir de gastronomie ou au restaurant ?
Je crois que c’était pour les noces d’or de mes grands-parents, qui allaient assez peu au restaurant. On avait décidé, avec la famille, de les y emmener. Ils étaient gênés, presque à se dire “Est-ce qu’on a le droit d’être là ?”. J’ai trouvé ça très touchant. On a mangé tous ensemble, ils se sont régalés, et c’était un super moment de partage autour de bonnes choses. Et les bonnes choses, ce n’est pas seulement ce que l’on a dans son assiette, c’est tout un contexte ; l’accueil, la façon dont on vous sourit, dont on vous sert un plat… C’était un chouette moment, parce qu’on sentait que c’était peut-être le plus beau restaurant de leur vie. Ils avaient dû attendre 80 ans pour le faire.
Vous considéreriez-vous comme un épicurien ?
Non seulement je me considère épicurien, mais en plus cela se voit, surtout de profil (rires) ! Oui, bien sûr, j’aime les bonnes choses de la vie et de la table. Je suis également plutôt amateur de vin, je m’y connais un petit peu. J’aime découvrir de nouvelles choses, et découvrir, c’est aussi goûter ce que l’on n’a pas l’habitude de manger. Cela m’a toujours plu, et “Échappées Belles” me le permet, en voyageant à travers le monde toute l’année. On pense toujours aux insectes et aux choses comme ça. Oui, bon, on est passé par là, mais j’ai goûté des plats simples de certains pays, et des associations peu communes comme une épice avec une viande ou un poisson. Alors que, parfois, on a ça à la maison et on n’a jamais pensé à les associer. Oui, j’aime manger, j’aime beaucoup la cuisine du monde ! Et bizarrement, j’aime beaucoup la cuisine italienne, qui n’est pas si éloignée, car j’ai des racines italiennes, même si cela ne se voit pas ; mon arrière-grand-père était italien. Je pense aussi que l’inventivité de la cuisine aujourd’hui est sans limites.
Un proverbe touareg dit que “Voyager c’est aller de soi à soi, en passant par les autres”. Pourriez-vous le faire vôtre ?
Absolument, c’est un merveilleux proverbe. Oui, parce que le voyage nous fait grandir. Il nous fait sortir de notre zone de confort. Il nous enrichit de ce que l’on voit, de ce que l’on vit, des autres. Après quinze ans d“Échappées Belles”, je ne suis pas la même personne, parce que des rencontres m’ont bouleversé, parce que cela permet aussi de nous remettre à notre place de Français, d’Européens, qui avons beaucoup de chance. Et qui n’avons pas toujours la reconnaissance de ces privilèges-là. Ce qui me touche beaucoup, c’est toujours la générosité de (certaines) personnes dans certains pays, qui n’ont rien ou si peu, qui vous ouvrent leurs portes et vous donnent tout. Oui, forcément, ça amène à se poser des questions face à soi-même. Cela pousse à se recentrer toujours sur l’essentiel, à relativiser les problèmes. À chaque voyage, je gagne en maturité. Après, il faut avoir l’envie d’aller vers les autres, ce n’est pas toujours simple pour tout le monde. J’ai la chance d’avoir cet atout-là et ce privilège d’aimer cela, de discuter et de m’ouvrir autant que l’autre s’ouvre à moi. C’est le principe du programme et je me comporte aussi de cette manière dans mes voyages personnels.
Quelle cuisine, ou gastronomie, retenez-vous de vos voyages ?
J’aime la gastronomie française en premier lieu ! Mais j’ai eu un coup de cœur pour la cuisine thaïlandaise. C’est une cuisine qui réunit tout ce que j’aime : des plats épicés, des plats en sauce, des mélanges, des textures et des cuissons différentes… J’y trouve une créativité et un savoir-faire qui m’ont toujours plu.
Pour finir, si vous pouviez organiser un dîner avec une personnalité, vivante ou disparue, laquelle inviteriez-vous à votre table ?
Hum… c’est plutôt difficile comme question… je crois que je choisirais le poète toulousain Claude Nougaro. J’avais beaucoup d’admiration pour sa plume, pour sa voix, et pour son
“panache”. J’ai eu la chance de le rencontrer et d’aller chez lui pour l’interviewer, j’aurais aimé passer plus de temps avec lui. Je crois savoir qu’il aimait faire la fête, et bien manger ! On se serait bien entendu ! En tous les cas, je me serais régalé à l’écouter raconter des histoires avec son merveilleux accent, et à boire ses paroles et le bon vin qu’il devait aussi apprécier.
MERCI AU WHAT POUR CETTE BELLE
RENCONTRE !
Depuis huit ans, Le What A Trip ! Festival, festival international du film de voyage et d’aventure de Montpellier, rassemble près de 40 000 personnes en plein cœur de ville. L’occasion pour les visiteurs de découvrir de nouvelles cultures à travers des projections suivies d’échanges avec les équipes des films, des expositions photos, mais aussi des concerts, des workshops, des conférences et un salon du voyage proposés sur un village, qui sont autant d’opportunités pour explorer les différentes cultures de notre planète.
Pour en savoir plus : WWW.WATMONTPELLIER.FR