Quentin Otho, les micro-pousses de Neafila

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Quentin Otho, les micro pousses

Cultivant des micro-pousses pour le plus grand bonheur des gastronomes, Quentin Otho a su tirer parti d’une méthode de culture urbaine. Rencontre d’un jeune producteur pas comme les autres.

À seulement 25 ans, Quentin vient de créer la première ferme urbaine bio à Montpellier. Située dans les sous-sols d’une ancienne imprimerie du centre-ville de Montpellier, peu gourmande en énergie et soucieuse de la qualité de ses produits, elle propose un modèle d’agriculture qui se veut à la fois productif, éthique et pérenne.

quentin otho serre neafila
L’histoire commence lors d’un voyage en Corée du sud. Quentin travaille dans une ferme et découvre la culture des micro-pousses. Diplômé d’un Master “risque et environnement”, il abandonne dès son retour en France les plateformes de logistique où il exerce. Il se lance dans l’entreprenariat avec une seule idée en tête : produire des micro-pousses en milieu urbain. Il s’intéresse alors à la culture d’intérieur, aux lieux indoor et souterrains.
Quentin veut pouvoir contrôler les paramètres de culture et produire toute l’année à plus ou moins grande échelle. Objectif atteint puisque depuis trois mois, sa petite entreprise connaît un véritable engouement.

Les micro-pousses, c’est quoi exactement me direz-vous ? Eh bien ce sont des herbes aromatiques, très riches en goût. Elles donnent du “peps” aux plats et décorent joliment les assiettes.

Mais pas seulement. De plus en plus en vogue en raison de leurs nombreuses vertus nutritives, ces dernières sont en effet très riches en micro-nutriments et en antioxydants. Pas étonnant que nos chefs soient conquis. En seulement quelques semaines, Quentin a réussi à en convaincre une quinzaine grâce à la vingtaine de références qu’il propose et qu’il livre deux fois par semaine pour un maximum de fraîcheur. Et en vélo, dans un souci d’écologie.
cueillette micro pousses
Côté culture, rien de bien sorcier. Elle est facile à mettre en place et surtout peu énergivore. Quentin n’a pas particulièrement innové mais fait appel à un peu de bon sens, combinant des savoirs déjà existants dans une réflexion énergétique. En pratique, il dépose dans de grands bacs qu’il perce lui-même un terreau et des graines bio sans aucun emploi de produit phytosanitaire. Après avoir passé un certain temps dans l’obscurité, les graines germées sont exposées à la lumière entre 7 et 14 jours.
Pour faire grandir ses micro-pousses de moutarde, tournesol, radis daikon, coriandre et fenouil en sous-sol, le fondateur de Neafila a recours à des lampes à LED. Ces dernières remplacent en effet à merveille la lumière et la chaleur du soleil. On arrose tous les jours – par le bas pour éviter les moisissures – et le tour est joué. La récolte se fait au couteau, en coupant la base des plants.

macro micro pousses rouges et vertes

Le choix de son implantation mène aussi une réflexion sociale.
L’agriculture urbaine à beaucoup d’avantages. Elle permet de développer de nouvelles surfaces agricoles sans impact sur l’environnement, de créer de nouveaux emplois, d’éviter le transport des marchandises, de mettre au point des techniques de cultures sans pesticides. Mais aussi de valoriser les déchets organiques citadins, d’utiliser des énergies propres, de développer l’autonomie et d’apporter plus de “vert” à nos villes. À n’en point douter, l’agriculture urbaine a une véritable fonction pédagogique pour la génération future. Le développement de l’agriculture urbaine serait-il l’une des clés de notre survie alimentaire ?

Aujourd’hui, Quentin souhaite s’agrandir. Il veut un espace plus grand afin de doubler et diversifier ses productions.

www.neafila.com

TEXTE MARIE GINESTE
PHOTOS ©GUILHEM CANAL