Patrick MAYET, un berger “sans terre”

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Patrick Mayet

Vivre au rythme de la transhumance est un choix de vie que patrick mayet, un berger “sans terre” a fait. Depuis de longues années, les troupeaux avaient disparu du paysage local. Mais depuis 2014, on perçoit à nouveau le joyeux tintement d’un troupeau sur la commune de claret, grâce à lui.

En ce doux matin de novembre, nous le trouvons en compagnie de Nathalie, une éleveuse de Brissac, pendant que ses 430 chèvres et moutons paissent tranquillement sous le regard bienveillant de ses trois chiens. Leur travail, surveiller le troupeau et regrouper tout ce petit monde en cas de besoin. L’éleveur leur a adjoint une ânesse de bât, une aide efficace dans la protection du troupeau.
Composé de caprins et d’ovins, son cheptel comprend des moutons de race Raïole, connue et appréciée pour sa rusticité, la qualité de sa chair et l’abondance de sa laine. Également, des Mérinos Précoces. Mais aussi deux races de chèvres, des Rove et des Massif Central. Son métier, il l’a appris dans les pâturages auprès d’un ami éleveur qui lui a transmis sa passion. Amoureux de la nature, Patrick a profité de son départ à la retraite pour acheter une partie de son troupeau et se lancer dans l’aventure. Dans une autre vie, il était écologue ingénieur système. Un métier qui lui apporte un solide socle technique. Mais son bonheur est ailleurs, ici sur ces terres de garrigue. Il est épris de liberté et à la recherche d’une cohérence de vie, le pastoralisme sera sa réponse. Parce qu’il permet de faire face, par la transhumance et le nomadisme, à la variabilité et à la rareté des ressources.

Agneau_Chefs
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Et parce que face à l’industrialisation de l’agriculture, il apparaît comme une activité d’élevage ayant su maintenir un lien étroit au territoire à travers la valorisation collective des ressources. C’est pourquoi, ses bêtes pâturent dans les bois, les vignes, la garrigue et en échange offrent une excellente fumure et un désherbage écologique, participant ainsi à un entretien efficace de la commune. En été, il amène son troupeau en estive, sur les terres du Causse Noir. Un voyage qu’il réalise entièrement à pied et pour lequel il prend en charge les bêtes d’autres propriétaires. Au quotidien, il garde et assure le gîte – parc à clôtures mobiles – à son troupeau, qui doit affronter les intempéries et trouver de nouvelles pâtures. Qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il grêle ou que la chaleur soit accablante, le berger veille sur son troupeau tous les jours. Si le temps est mauvais, il se réfugie sous son ciré jaune acheté en Bretagne. Il n’empêche. Patrick ne renoncerait à cette vie qu’à son grand regret. Mathilde, sa compagne, l’a rejoint avec le projet de produire des fromages pour le printemps 2020.
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Ensemble, ils valorisent la viande – à préciser que l’abattage des bêtes s’effectue au Vigan, où la viande est mise en caissettes pour la vente directe aux particuliers – mais aussi la laine, un facteur de développement sur le territoire qui peut donner du sens à l’élevage. Aujourd’hui, ils ne sont qu’une quinzaine de bergers autour de Montpellier. Conscients des enjeux politiques et économiques de demain, ils s’organisent en groupements pastoraux et travaillent de concert avec des chefs de renom comme Jacques Mazerand, Éric Cellier ou encore Charles Fontès, à la mise en place d’une appellation. Une valeur ajoutée qui permettrait de pénétrer le cercle prisé de la gastronomie, et constituerait un moyen avisé de pérenniser une activité fragile.

Agneau_Chefs
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TEXTE MARIE GINESTE
PHOTOS ©GUILHEM CANAL