Mise en place de drives fermiers, renationalisation de l’approvisionnement en grande distribution, organisation d’AMAP* entre voisins, création de plateformes régionales par les collectivités locales, projets de relocalisation de la consommation alimentaire… La crise du COVID-19 pourrait bien accélérer les tendances de consommation durable qui montent en puissance ces dernières années. Tour d’horizon de belles initiatives qui sortent de terre.
Par la force des choses, le COVID-19 nous a amenés à un retour implicite au locavorisme. Vous savez, le fait de consommer ce qui est produit dans un rayon restreint autour de son domicile. La norme jusque dans les années 70, avant le début de l’hyperconsommation. Avec la crise sanitaire, l’agriculture française semble avoir retrouvé ses lettres de noblesse. Les circuits courts ont court-circuité la consommation, faisant passer les super et hyper marchés pour les figures d’une économie dépassée avec leurs étals “made in monde” et les milliers d’avions, de frets et de camions qui font voyager ces produits à travers la planète.
On a vu mieux, question empreinte carbone. Alors quand la mégamachine s’arrête, on retourne à une consommation locale. Chez les petits producteurs, l’inquiétude des premiers temps a laissé place à l’optimisme. Alors que beaucoup pensaient devoir jeter une partie de leur production, c’est l’effet inverse qui s’est produit : les clients ont délaissé les grands magasins pour se tourner vers les producteurs près de chez eux, les encourageant à produire plus. Si la demande était là, il a tout de même fallu s’adapter et réinventer les circuits de distribution du jour au lendemain.
Les uns ont mis en place des drives fermiers ou des zones de collectes mutualisées, les autres se sont mis au “click and collect” sur l’exploitation, à l’image des Jardins de Costebelle situés à Villeneuve-lès-Maguelone. D’autres ont assuré la prise de commandes via leurs réseaux sociaux et proposé la livraison, à l’image de Marco Baldassarre, traiteur italien des halles Plazza de Montpellier, désireux de contenter ses habitués.
La région Occitanie a lancé quant à elle une plate-forme gratuite recensant les producteurs et les commerçants locaux qui proposent une livraison à domicile de leurs produits, dans le respect des gestes barrières.
Créée à Montpellier, la start-up Fraichy propose de commander en ligne des produits frais issus des petits commerces de quartier et de se faire livrer à domicile à vélo ou en voiture électrique. À Montpellier, une vingtaine de commerçants utilisent l’application gratuite, et une quinzaine à Toulouse.
D’autres plateformes plus spécialisées ont aussi connu une augmentation de leurs visiteurs, telles que Rutabago qui propose à la livraison des boxes à cuisiner 100 % bio, de saison et achetés en circuit court. Si les Français sont mobilisés, le resteront-ils demain ? La France déconfinée accepterait- elle de relocaliser son agriculture ? “L’après ne ressemblera pas à l’avant”. Nous l’avons tous entendu, pensé ou souhaité. Mais consommer local ne dépend pas uniquement du bon vouloir du consommateur. Il nous revient, aux niveaux individuel et collectif, entreprises comme pouvoirs publics ou citoyens, d’avoir la volonté de faire advenir ce monde de demain.