Questionnaire épicurien chez Richard JUSTE
“Ailier gauche de l’USAM depuis deux saisons, à l’aube d’en démarrer une troisième – la dernière à bientôt 40 ans – Michaël Guigou vient d’être médaillé d’or aux Jeux Olympiques de Tokyo pour la troisième fois de sa carrière après 2008 et 2012. Véritable challengeur, c’est aussi et surtout un homme de partage et de cœur qui ne cache pas son amour pour la bonne chère.
Chefs d’Oc : Richard nous a dit que vous fréquentiez son restaurant, cela signifie donc que vous aimez la bonne cuisine !
Michaël Guigou : J’aime les bonnes choses et partager les bons moments. J’adore recevoir. Et puis il faut bien le dire, je suis entouré de très bonnes cuisinières. Ma femme est un véritable cordon bleu, ma belle-mère tient des chambres d’hôtes à Châteauneuf-de-Gadagne. Elle y organise des réceptions de mariages et s’est formée avec plusieurs chefs.
Vous devez souvent bien manger, alors…
Oui mais des plats simples, pas forcément techniques. Depuis 2016, par convictions personnelles, mon alimentation a beaucoup évolué. J’essaie de manger moins de viande. Je fais attention à ce que mes choix soient plus végétaux et plus naturels.
N’est-ce pas compliqué d’opérer un tel changement lorsque l’on pratique un sport à haut niveau comme vous ?
C’est vrai que ce n’est pas simple. On est souvent à droite à gauche, on fait beaucoup de buffets. Et puis physiquement j’ai rencontré quelques limites. C’est d’ailleurs pour cela que je ne peux pas arrêter complètement la viande, par exemple. Mais face à un menu, je vais choisir le poisson plutôt qu’une côte de bœuf.
Alors comment le plaisir de la table vous est-il venu ?
Je dirais que c’est grâce à ma femme. Et puis avec l’âge, je suis allé de plus en plus au restaurant, j’ai découvert la grande gastronomie. C’est un tout, en fait. Je n’ai pas forcément trop le temps, mais quand je peux, je me fais plaisir.
D’ailleurs à Nîmes, la collation se fait chez le chef étoilé Jérôme Nutile… Comment trouve-t-on le juste milieu entre gastronomie et sport de haut niveau ?
On mange du comté affiné en collation à 11h30 ! (Rires)
Quel serait votre meilleur souvenir de gastronomie ?
En 2004, chez Bras. C’est l’un des premiers restaurants gastronomiques où je suis allé. J’ai un souvenir fantastique de son œuf à la coque et de ses fleurs. C’était hyper novateur ! Et puis on était avec l’équipe en décompression. C’était un très bon moment.
Vous nous avez dit aimer recevoir. Que cuisinez-vous ?
Souvent des frites ! (Rires) Il y a toujours beaucoup d’enfants. Mais de temps en temps des frites de patate douce, on varie les plaisirs. Sinon ma femme prépare beaucoup des viandes et des poissons en marinade. Elle aime bien que tout soit préparé à l’avance. Elle fait même du guacamole maison pour l’apéritif. On ouvre de bonnes bouteilles de vin. Ces derniers temps on fête un peu la médaille, donc on se fait plaisir au niveau du champagne aussi ! (Rires)
Vous avez annoncé que ce serait votre dernière saison. Comment avez-vous vécu ces derniers JO ?
C’était très particulier. Déjà à cause de la COVID-19, du port du masque et de l’absence de public. Mais au final, il y avait toujours la même magie. En tant que capitaine, j’avais deux objectifs. L’un de mener l’équipe à la victoire. L’autre de prendre un maximum de plaisir.
On peut dire que vous y êtes parvenu…
Oui j’ai réussi à réaliser les deux, et ça c’est cool. Je me sens apaisé aujourd’hui. Cette médaille, elle embellit encore plus toutes les autres. Gagner une fois, c’est bien, c’est fort. Gagner deux puis trois fois, cela montre la persévérance et le travail.
Cela vient un peu ponctuer ce parcours exemplaire…
C’est ça ! Surtout que, pour l’anecdote, j’aurais dû arrêter en 2020. Mais voilà, les Jeux ont été décalés d’un an, j’ai continué avec Nîmes et je suis très heureux aujourd’hui.
Que pouvons-nous vous souhaiter pour cette dernière saison ?
Sans chercher des titres, j’aimerais faire un peu plus que ce que le club a accompli jusqu’à ce jour. Nous avons le potentiel pour faire davantage. Si nous n’avons pas trop de blessures, nous devrions réussir un beau championnat. Ce serait super si nous pouvions aller loin en coupe d’Europe.
Qu’allez-vous faire après ?
Je vais travailler comme ambassadeur du club. Et comme conseiller du président. Je suis très heureux à Nîmes, et nous avons un beau projet. Il y a un bon état d’esprit, de bonnes valeurs dans lesquelles je me retrouve. J’espère apporter ma pierre à l’édifice et continuer à faire grandir le club. Tout est en place pour la suite. Je peux vivre ma dernière année sportive sereinement.