Qu’est-ce qui anime cette femme dont la carrière est toute tracée dans l’événementiel pour aller se retirer dans les Cévennes, à Anduze, avec cette passion pour le vin ?
Première explication d’Emmanuelle :
“je suis issue d’une famille lyonnaise citadine, épicurienne, et j’aime le vin. Cela va de soi, pourrait-on dire ? Mais, au fond de moi, je suis une fille de la campagne !”
Toujours dans l’événementiel en étant à Montpellier, elle met le nez dans les vignes auprès de vignerons et vigneronnes, aller voir de plus près et participer aux travaux de la vigne, prenant des vacances pour les vendanges. Puis, sonne un jour cette petite clochette dans sa tête : “Pour changer de vie, je suis retournée sur les bancs des études à 30 ans”.
Pourquoi ici ? Ayant été technicienne de la vigne, j’ai d’abord travaillé pendant 15 ans en tant que chef de cave, régisseur de domaine et conseils en vinification. Cela m’a permis et donné l’occasion de trouver le terroir qui me correspondait.
Quel a été le facteur principal ?
Ce terroir qui s’exprime dans chacune de mes cuvées où l’intensité aromatique, l’ampleur et la douceur sont relevées par une étonnante fraicheur.
Alors plantons le décor :
Le vignoble de 6 ha, d’un seul tenant, est situé dans la commune de Monoblet à 300 m d’altitude. Un site sauvage protégé par la garrigue et les bois de chênes. Les parcelles, réparties en coteaux plus ou moins accentués, sous les contreforts montagneux, sont constituées de grès rouges, de schistes, de marnes grises ou encore d’éclats de calcaires.
Les vins issus de ce vignoble bénéficient de façon marquée du contraste entre les températures jour et nuit durant la période estivale. Climat du coup particulier, ainsi, la fraicheur des nuits cévenoles permet une progression lente de la maturité des raisins et confèrent à leur jus la typicité singulière de ce terroir. Ce vignoble de 25 exploitants est resté en I.G.P. Cévennes pour garder leur liberté.
D’où vient le nom du domaine ? J’ai monté le domaine de toutes pièces en 2009. Et puis, il fallait le baptiser, ce ciel était si omniprésent ! Je le trouvais particulièrement illuminé, brillant de mille feux. “Seren” veut dire étoile en Gallois, et chacune de mes cuvées porte le nom d’une étoile, j’ai volontairement choisi les moins connues. “Seren” rime aussi avec Cévennes !
Sur vos terres, il y a des invités particuliers, en certaines saisons on y trouve des animaux participatifs ?
Oui, en période automnale jusqu’aux premiers jours du printemps, les brebis du voisin sont mes meilleures alliées pour le débroussaillage.
Au moment des labours se sont les chevaux de trait “Nuage” et “Cosinus” qui parcourent les rangs de vigne.
Quels sont les autres astuces des travaux à la vigne ?
J’effectue l’écimage et je réalise l’épamprage afin d’aérer chaque pied. Ceci participe, avec le vent, à diminuer les risques de maladies ; pas de traitement inutile pour le plus grand respect de chacun, environnement, vigneron, consommateurs !
Je taille en journée “racine”, la mise en bouteille est préférable en jour “fruit”, etc… l’énergie n’est pas la même.
Je suis depuis toujours en agriculture Bio, mais cela coûte cher de déposer le dossier et j’avais d’autres investissements prioritaires à faire.
Vous avez différentes variétés de sols, quelle est l’influence sur les jus ? Le schiste millefeuille, très friable, donne un côté graphite, mine de crayon, “zan” et garrigue.
Le grès rouge est composé de fer et confère plus de rondeur au vin. Le calcaire dur du secondaire est devenu roche (et non crayeux comme dans les plaines du Languedoc) apporte plus de fraîcheur encore et de la minéralité.
Vos projets ? C’est un domaine à taille humaine qui demande un travail artisanal. Je passerai la main le jour où je trouverai la personne qui voudra poursuivre l’aventure, qui sera gagnée par l’amour de ce terroir et la même envie de le défendre.
La Cuvée mise à l’honneur pour ce numéro sera “Etamin” blanc (13 €) : millésime 2017, en année de sècheresse. Composé de 80% de roussanne et de 20% grenache.
“Chaque cuvée est un match entre deux cépages pour en rechercher l’équilibre et laisser exprimer leur caractère respectif”. Le nez est complexe et très gourmand, arômes de pêche, mirabelles accompagnées de notes empiromatiques !
La bouche est pleine, onctueuse, épices douces, note mentholée et une pointe saline apporte le petit plus. Quel équilibre et quelle fraicheur ; magnifique caudalies ! “Pas de tricherie, pas d’élevage en fût, mais un batonnage régulier pour obtenir ce gras, le côté grillé, fumé, et au final la noisette, la châtaigne. La fraicheur du terroir nous permet de garder ce côté juteux.” Suggestions de complicité gourmandes de la part d’Emmanuelle : apéritifs élaborés de charcuterie fine, fromages de chèvre. Autour d’un plat de viandes blanches (blanquette, poulet à la crème, rôti de veau aux champignons, lapin en sauce. Desserts aux poires, prunes, raisins ainsi que la châtaigne.
Plusieurs récompenses couronnent le travail d’Emmanuelle, entre autres : 90/100 Decanter ; 15/20 guide Bettane & Desseauve ; médaille d’Or au concours International de Lyon.
“Etincelle nomade” à 8€ blanc (70% vermentino et ugni blanc), rosé (90% cinsault et syrah), rouge (60 % syrah et cinsault)
“Lilith” à 13€ (50% cinsault et grenache noir)
“Mintaka” à 18€ (75% syrah et grenache noir)
Par Nathalie GUILTAT
SOMMELIÈRE
1820, route de Saint-Jean du Gard – 30140 ANDUZE
mas.seren@orange.fr
– www.mas-seren.fr –
Tél. 06 79 41 13 29