Niché entre le majestueux Pic Saint-Loup et le village d’Aniane, le Mas des Agrunelles est bien plus qu’un simple domaine viticole. Il est le témoignage vibrant de la passion et de la résilience de Frédéric Porro et Stéphanie Ponson, un couple uni par son amour du vin et de la terre.
Ancien champion de moto-cross, Frédéric Porro voit sa vie bouleversée par un accident en 1984, le clouant dans un fauteuil roulant. Refusant de se laisser abattre, il trouve dans le vin une nouvelle passion. “J’ai vécu 27 ans dans la Drôme Provençale. J’ai commencé à goûter les vins. J’ai une sœur qui est chef de cuisine, elle a eu un restaurant de 1993 à 2006. Au fil du temps, on a créé une cave avec plus de 200 références. Je suis allé rencontrer de très nombreux vignerons”, se souvient Frédéric. Après avoir dégusté les vins du Languedoc et de la Vallée du Rhône, il décide en 1999 de suivre une formation en viticulture et œnologie, sans pour autant posséder de vignes. Une carte météo montrant les spécificités climatiques d’Argelliers attire son attention et marque le début de son aventure viticole. “On est dans un endroit qui est un peu atypique pour le Languedoc. On pourrait avoir l’impression d’être en Bourgogne ou sur des terroirs beaucoup plus septentrionaux que le Languedoc. On a des nuits très fraîches et des cycles végétatifs un peu plus longs. Cela brûle moins les acidités et on obtient des vins qui sont beaucoup plus équilibrés. C’est pour cela que je suis venu ici. Je voulais de la fraîcheur et de la buvabilité”.
Stéphanie Ponson, quant à elle, hérite en 2004 du Mas de Perry à Murles, un domaine familial depuis 1773. Diplômée en viticulture, elle apporte son expertise et son amour pour le terroir à leur projet commun. Leur rencontre, à la fin des années 1990 à Montpellier, est le point de départ d’une collaboration fructueuse et passionnée.
Le Mas des Agrunelles naît en 2005, lorsque Stéphanie et Frédéric décident de sortir leurs vignes de la coopérative pour créer leur propre société, cultivant dix-sept hectares de vignes. “Je me suis installé comme vigneron en fauteuil roulant. Cela n’a pas été simple, déjà, pour convaincre le banquier… Heureusement, il était amateur de vin ! (Rires) J’avais un tracteur aménagé. Je partais traiter la nuit pour travailler la journée. Maintenant, on a une équipe qui travaille bien. Et puis il y a la relève !”, dit-il en parlant de son fils, Louis. “Je suis dans la vigne depuis que je suis tout petit. Pendant les vacances, les week-ends, les mercredis après-midi, j’allais donner des coups de main, mais je n’aimais pas le travail de la vigne. C’est très dur ! Je me disais ‘Je ne ferai jamais ça’. Je voulais être paysagiste. Et puis je suis allé goûter les vins avec papa, la vinification m’a très vite intéressé. Et tout le reste aussi finalement”, témoigne le jeune homme.
Leur philosophie de travail repose sur une approche respectueuse de la nature : agriculture biologique dès 2003, puis biodynamique à partir de 2010. “La biodynamie, on y est venus petit à petit. Au départ, c’était plutôt la taille, les soutirages. On ne pulvérisait pas trop de préparat, seulement un peu d’ortie, mais pas grand-chose. Et puis, à partir de 2010, on s’y est mis à fond”, explique Frédéric. Leur objectif est de produire des vins vivants, sans intervention ni produits œnologiques, permettant au terroir de s’exprimer pleinement. “Quand je me suis installé, les vins que j’avais adorés dans les années 1990, je ne pouvais plus les boire. C’était surmûri, surextrait. Mais les palais étaient habitués. C’est aussi pour cela que l’on a vendu beaucoup à l’étranger au départ. Les cavistes parisiens adoraient nos vins mais quand un client leur demandait un verre de Languedoc, ils ne s’y retrouvaient pas, il n’y avait pas les marqueurs. Il y a une dizaine d’années, c’était à contre-courant de la tendance. C’est tout l’inverse aujourd’hui”.
Le climat particulier d’Argelliers, avec ses amplitudes thermiques importantes ainsi que son
absence de mistral et de tramontane, confère aux vins une fraîcheur et une complexité rares dans la région. Les sols calcaires et argileux ajoutent une dimension unique aux cuvées, reflétant la diversité et la richesse de ce terroir. Stéphanie et Frédéric adoptent une approche parcellaire de la viticulture. Chaque parcelle est vinifiée séparément, permettant au terroir d’exprimer ses caractéristiques propres. “En 2005, on s’est mis à ne faire que du parcellaire. C’est pour cela que l’on a treize cuvées différentes, chaque parcelle fait l’objet d’une cuvée. Quand il n’y a qu’un cépage sur la parcelle, la cuvée est un monocépage, quand il y en a plusieurs, c’est un assemblage”, raconte le vigneron.
Le Mas des Agrunelles propose en effet une gamme variée, témoignant de la diversité
de leur terroir. Parmi elles, “La Marèle”, un assemblage de Syrah, Carignan et Mourvèdre,
élevée en jarre de terre cuite pendant environ dix-huit mois. “Les Mauves”, issue d’une
parcelle de Cinsault plantée dans les années 1960 ; “Cariño”, un 100% Carignan. “Barbaste”, un assemblage de Roussanne et de Chardonnay issus d’un sol calcaire, ou “Camp de Lèbre”, un pur Carignan blanc… toutes illustrent leur volonté de valoriser chaque cépage et chaque terroir. De manière générale, la vinification est menée avec un peu de sulfites pour les blancs, et sans pour les rouges. Les fermentations se font en levures indigènes, et les vins ne sont ni collés ni filtrés. Leur engagement pour une viticulture durable se traduit par une vinification minimaliste, préservant l’authenticité du vin.
Infos :
06 14 55 54 71
Le Bois de la Marèle
1501, Chemin de Fontmejeane 34380 ARGELLIERS
www.masdesagrunelles.com