Le Château Puech-Haut, à Saint-Drézéry dans l’Hérault, a deux icônes. Pour le grand public, la tête de bélier qui griffe les bouteilles. Pour les professionnels, l’imposante personnalité de Gérard Bru. L’homme, parti de rien il y a une trentaine d’années, en a fait l’un des fleurons du vin en Languedoc.
En cette fin novembre, c’est Philippe Martinet, le directeur commercial du domaine, qui nous reçoit sur la propriété historique. Avec lui, nous explorons les recoins du domaine pour mieux comprendre son histoire et celle de son propriétaire.
Natif de Montpellier, l’entrepreneur a réussi dans l’industrie. Mais il a des envies de retour à la terre. Son enfance, il la passe à l’École nationale supérieure d’agronomie de Montpellier, où travaillait son père. Alors, à la fin des années 80, il rachète une propriété “vierge” de 30 hectares, entre oliviers et garrigue. Ni vigne, ni bâti. Pourtant son objectif, c’est bien de produire du vin comme son grand-père avant lui. Et si possible, de qualité. Au départ, son père l’accompagne, en travaillant sur place. La première année, ils plantent 25 hectares. La production sera fournie à la coopérative du village. Les plantations de vignes sont régulières, dans le respect du cahier des charges de l’A.O.C. Pour les rouges, ce sera donc syrah, grenache et mourvèdre. Pour le blanc, les cépages sont à base de Roussanne, Marsanne et Viognier.
Mais rapidement l’homme d’affaires pense que le moment est peut-être venu de créer ses propres cuvées. Pour cela, il lui faut du bâti. Il crée la maison en 1991, le premier cuvier en 1992, puis le chai et la cave en 1996. Le tout sur une idée assez originale : acheter des bâtiments, et les ramener sur place, pierre par pierre. Il mélange ainsi une aile de la préfecture de Montpellier, vouée à la destruction, des éléments d’une banque Dupuy de Parseval de Ganges ou encore la charpente de la gare de Grenoble. Quand on contemple le résultat final, on peine à imaginer que c’était un terrain vierge jusque dans les années 80.
Au milieu des années 90, le domaine lance ses premières cuvées de blanc et de rouge vinifiées en fût. La production va vite décoller. Bien implantés en France, notamment dans la restauration, les vins sont exportés à 30% partout dans le monde.
Les vins du Château Puech-Haut se déclinent principalement en trois gammes : les “Tête de Bélier” puissants et élégants, les “Prestige” souples et fruités, et une collection de sept parcellaires. 2005 sera une année importante avec le début de l’aventure du rosé. Encore un pari, alors que le rosé n’est pas encore à la mode. Gérard Bru a décidé par ailleurs de commercialiser désormais son Puech-Haut rosé non plus en AOP Languedoc Saint-Drézéry, mais en IGP. Une décision mûrement réfléchie.
Gérard Bru aurait pu s’endormir sur les lauriers de Puech-Haut. Mais ce n’est pas le genre de cet entrepreneur-né. En à peine plus de deux décennies, Puech-Haut va dépasser le million de bouteilles et atteindre 250 hectares de vignobles, répartis sur trois secteurs : le domaine historique, le château Lavabre, une propriété en Pic-Saint-Loup et le domaine de Theyron.
Le respect de l’environnement ayant toujours représenté pour Gérard Bru un engagement prioritaire, tant au niveau de la viticulture que de la vinification ou encore de la commercialisation, une partie du domaine est en conversion biologique. Une volonté qui s’étendra sur son intégralité dans les prochaines années.
Amateurs ou initiés, si d’aventure vous passez par-là, ne manquez pas de faire une halte au caveau de dégustation. On vous fera entrevoir toute la magie de ces vins de caractère. Vous serez invité à partager un moment convivial en toute simplicité et à découvrir les “excentricités” de Gérard Bru comme l’immanquable barrique géante,
12 mètres de long et 6 mètres de haut, la plus grande du monde.
2250, route de Teyran
34160 Saint-Drézéry T.
04 99 62 27 27
www.puech-haut.fr
TEXTE MARIE GINESTE
Photos ©Guilhem CANAL