À Jonquières, au cœur des terrasses du Larzac, Thierry Vidal façonne ses vins comme on compose une symphonie, avec minutie et passion. Entre héritage familial et quête personnelle, le vigneron dévoile l’âme de son terroir en compagnie du chef Philippe Combet.
Originaire de Saint-André-de-Sangonis, Thierry n’était pas destiné à la viticulture. Passé par la grande distribution, il abandonne ce secteur pour reprendre, en 2000, le domaine de son beau-père. “Je n’y connaissais rien, j’ai tout appris sur le tas avec lui”, confie Thierry, modeste. Ce “tout” inclut la maîtrise de 14 hectares de vignes à l’époque, aujourd’hui étendus à 20. Si la transmission s’est faite dans la sueur et la rigueur, elle a aussi laissé place à l’innovation. Thierry décide de sortir des sentiers battus en tirant ses premières cuvées en 2018 en tant que vigneron indépendant, tout en gardant une partie de sa production en cave coopérative, par gratitude et pour sécuriser ses revenus.
Dans ses parcelles, Thierry travaille en solitaire, bichonnant chaque pied de vigne avec une précision maniaque. S’il n’a pas opté pour la certification bio, il est engagé dans une démarche HVE (Haute Valeur Environnementale) et privilégie des pratiques en harmonie avec la nature et son terroir. Ce terroir, il le chante dans ses cuvées, entre rouges profonds et blancs tendus, toujours empreints d’élégance. Son approche minutieuse se reflète jusque dans la vinification. Pour ses rouges, il utilise la macération carbonique, une méthode qui sublime les arômes. Concernant ses rosés et ses blancs, pressurage direct et stabilisation sur lies révèlent des jus parfumés et équilibrés. Chaque grappe est sélectionnée avec soin, réduisant les rendements pour maximiser la qualité. Résultat : environ 30 000 bouteilles par an, vendues principalement en direct, grâce au bouche-à-oreille. Le nom du domaine, aussi poétique qu’évocateur, est né de l’inspiration quotidienne que Thierry puise dans son environnement.
“Toute la journée, je suis dans mes vignes avec mon chien. Le vent dans les arbres, le chant des oiseaux… C’est ça qui m’inspire”, raconte-t-il. Ses cuvées portent des noms délicats, à l’image de leur caractère floral et raffiné. Chaque vin est une partition unique. Les Dames Oubliées, un 100 % Cinsault, incarne la finesse et la profondeur du terroir. Cueilleurs d’Arômes, assemblage de Syrah, Grenache noir et Cinsault, séduit par ses arômes de réglisse et de fruits noirs. Gabriel, un mariage de Mourvèdre, Grenache et Syrah, explore la complexité et l’élégance. Sur un registre plus tendre, L’Espace d’un Matin, un rosé éclatant, reflète la fraîcheur estivale. Pour les amateurs de blancs, Conter Fleurette, issu de Vermentino, Grenache blanc et Chardonnay, offre des notes subtiles et aériennes.
Parmi ses créations, Effluves d’Automne se distingue : un rouge complexe mêlant cinq cépages (Syrah, Grenache, Cinsault, Mourvèdre et Carignan), véritable symphonie en bouche. Thierry pousse le raffinement jusque dans la sélection minutieuse des grappes, limitant les rendements pour magnifier chaque bouteille.
Nous accompagnant dans cette découverte, le chef Philippe Combet ne tarit pas d’éloges : “Thierry est trop modeste pour le dire, mais ses vins rivalisent avec les meilleurs de la région. Ce que j’aime chez lui, c’est cette précision, ce respect des arômes. Prenez son blanc, Conter Fleurette : tendu, élégant, parfumé, sans une acidité gênante. C’est un travail d’orfèvre”. Un hommage sincère à un vigneron qui, loin de la lumière, laisse ses vins parler pour lui.