Entre partage et curiosité avec Jacques & Laurent Pourcel
Passionnée par l’art de vivre, Jeanne Bellaïche explore, découvre et partage avec une
authenticité rare. Entre gastronomie, artisanat et moments du quotidien, elle capte
l’essence des rencontres et des lieux avec un regard curieux et sensible. Son credo ? Vivre
l’expérience avant de la raconter. Sans filtre ni compromis, elle construit un univers sincère
où chaque adresse, chaque rencontre, devient une histoire à partager.
Qu’est-ce qu’une créatrice de contenus en 2025 ?
C’est une personne qui produit des contenus sur différents supports numériques. Pour ma part, cela inclut des articles de blog, des vidéos et podcasts, ainsi que des posts sur les réseaux sociaux, Instagram plus précisément. Ma ligne éditoriale est construite autour des rencontres et émotions que je souhaite partager.
Vous mettez donc une part de vous-même dans vos réalisations…
Absolument. Les contenus que je produis sont le résultat de ce qui attire mon attention à Montpellier et en région. Je ne suis pas journaliste mais mon activité en est proche, j’ai besoin d’aller à la rencontre des personnes et des lieux, et de vivre une expérience pour mieux la partager.
Vous vous intéressez particulièrement à l’artisanat, au commerce, à la gastronomie… Votre ligne éditoriale est-elle centrée sur un domaine précis ?
Oui, ce qui me passionne, c’est tout ce qui représente l’art de vivre au sens large sur notre territoire méditerranéen. Pour être plus précise, cela englobe le repérage de belles adresses (restaurants, hôtels, maisons d’hôtes), d’artisans et d’évènements culturels. L’idée, c’est de faire découvrir notre territoire (Montpellier mais aussi le sud de la France) à travers mon regard. En matière de gastronomie par exemple, ce qui m’interroge c’est l’organisation du petit écosystème que représente un restaurant. Je vais avoir la curiosité de comprendre comment cela se passe en cuisine, quels sont les producteurs sélectionnés, qui a imaginé la déco du lieu, etc. J’aime découvrir des univers différents. Par rapport à la culture, j’aime découvrir des talents et repérer des expos ou concerts et montrer les ateliers et les savoir-faire des artisans locaux, et ils sont nombreux. Je m’intéresse tout particulièrement à la génération montante et aux créatrices.
Comment définissez-vous les personnes qui vous suivent ?
Je parlerai plutôt d’une communauté. Évidemment, ce sont des personnes qui adhèrent à mon univers. Mes propositions plaisent aux Montpelliérain.e.s mais aussi aux touristes étrangers qui veulent découvrir Montpellier ou la région à travers des personnalités actives dans notre territoire. Je représente à leurs yeux ce que l’on appelle une “insider”, une personne experte en matière de culture locale.
Échangez-vous beaucoup avec votre communauté ?
Oui, énormément… certaines personnes (followers ou pas) m’envoient des messages du type “Bonjour Jeanne, nous venons ce week-end à Montpellier avec mon mari, pouvez-vous nous conseiller un restaurant, une adresse shopping… ?” Chaque recommandation dépend des attentes de la personne, mais en général, cela fonctionne très bien. C’est aussi ce qui crée ce lien fort avec ma communauté : il y a une seule personne derrière mon compte.

Vous mettez un point d’honneur à rester authentique…
Totalement. Je suis indépendante. Personne ne m’impose quoi que ce soit. C’est une chance. On me demande souvent comment je repère tous ces lieux, ces personnalités, ces évènements… Si je suis en rendez-vous en centre-ville par exemple, je vais forcément faire ce que j’appelle une “balade immersive”. C’est ainsi que je découvre des adresses, des artisans, des lieux qui m’inspirent et que je souhaite partager. Il y a aussi quelque chose dans ma curiosité, dans ma façon d’être, qui me pousse à aller “frapper aux portes”… et en général, elles s’ouvrent.
Vous fonctionnez donc à l’instinct, à l’envie, selon les opportunités …
Exactement. Je n’ai pas de calendrier à long terme de mes publications. Parfois, j’ai une envie, une intuition. En hiver 2023 par exemple, je me suis dit “La Camargue, tiens, ce territoire m’a toujours attirée, il y a certainement des savoir-faire et des lieux à explorer”. Au printemps 2024, j’ai pris des rendez-vous avec différents acteurs de ce territoire naturel et j’ai ensuite publié un reportage avec mes bonnes adresses et les artisans à découvrir. Cela a été un grand succès !
Vivez-vous de cette activité aujourd’hui ? Et comment parvenez-vous à garder
votre indépendance face aux sollicitations de marques ou de commerces qui
souhaiteraient être mis en avant ?
C’est très simple, mon moteur n’est pas économique. J’ai pour le moment par ailleurs un emploi qui me permet d’avoir un revenu stable. Bien sûr, je reçois des propositions de partenariats, très souvent elles sont extrêmement cohérentes avec ce que je communique. Mais je n’accepte pas tout, bien évidemment. Lorsque cela ne me correspond pas, c’est tout simplement : “non, merci”.
Vous sélectionnez donc uniquement ce qui correspond à votre univers…
Tout à fait. Il faut que cela ait du sens pour moi, que cela corresponde à ma sensibilité. C’est aussi par cette authenticité là que j’ai fidélisé mes lecteurs et auditeurs. Mes sélections sont toutes estampillées “Sud”, couleur locale. Ce “lifestyle” méditerranéen qui a ses codes, ses tendances, son rapport aussi à l’extérieur et à la nature dont on peut profiter grâce à notre climat si doux.
Avez-vous beaucoup voyagé ? Montpellier reste-t-elle une ville qui correspond à vos attentes et où l’on peut, comme sur vos réseaux, découvrir de belles choses ?
Oui, je suis amoureuse de Montpellier. Ce qui me touche en premier lieu c’est son architecture, la beauté de la ville en elle-même. Je ne suis ni passéiste ni nostalgique mais j’aime les milieux urbains chargés d’histoire. Et Montpellier en a une, indéniablement. J’ai beaucoup voyagé, surtout en Europe et dans de nombreuses villes et capitales autour de la Méditerranée. Je n’ai pas beaucoup exploré d’autres continents mais ma vie professionnelle m’amène à rencontrer énormément de personnes venues de ces autres continents. Il est vrai que souvent, lorsque je découvre une ville, je m’enthousiasme rapidement. Si je pars à Séville par exemple, parce que j’aime l’atmosphère de cette superbe ville andalouse, je vais dire à mon compagnon : “Qu’est-ce que j’aimerais vivre ici !”. Puis je rentre à Montpellier et je me dis “Ah oui, mais quand même Montpellier…”.
Qu’est-ce qui vous plaît tant dans cette ville ?
Montpellier a tellement d’atouts ! Bien sûr elle est solaire, jeune, vibrante, mais ce qui me séduit surtout c’est toute l’activité qui la fait vivre. J’aime découvrir ce qui fait vibrer la ville, les idées innovantes qui la font aller de l’avant par exemple à travers des sujets comme la transition écologique qui se traduit sous tellement de formes différentes dans notre paysage urbain.
Un moment de partage à découvrir en images…
Quels souvenirs culinaires d’enfance gardez-vous ? Y a-t-il des moments partagés en cuisine qui vous ont marquée ?
Pour moi, la cuisine a toujours occupé une place prépondérante dans ma vie. Ma mère cuisinait très bien et avait hérité son savoir-faire de ma grand-mère, qui vivait avec nous et l’aidait en cuisine. Elles passaient des matinées entières à préparer de bons petits plats méditerranéens pour toute la famille. J’adorais le côté confit de leurs tians de légumes par exemple. J’étais très proche de ma mère, je l’accompagnais souvent au marché et je la regardais élaborer ses menus. Nos repas étaient des moments incontournables de partage en famille. Il y avait un vrai rituel autour de la table.
Votre madeleine de Proust ?
Elle est toute simple ! C’est une pâtisserie, et vous allez rire… c’est l’éclair au chocolat. Enfant, j’ai pratiqué la danse classique de manière intensive. Avant mon cours, j’avais pris l’habitude de m’arrêter dans différentes pâtisseries de Nîmes pour goûter leurs éclairs et inconsciemment établir mon propre classement des meilleurs éclairs ! Mon favori provenait de la pâtisserie Courtois sur la place du Marché. J’adorais ce commerce, l’odeur qui y flottait est inoubliable : un mélange de sucre et de rhum ou de kirsch qui étaient très utilisés à l’époque en pâtisserie.
Quel est votre meilleur souvenir de gastronomie ?
Je vais vous parler de Guillaume Leclère. Pourquoi lui ? parce que c’est un véritable coup de cœur. C’est le genre de rencontre qui vous marque. Moi qui suis très attentive aux détails, j’ai été totalement séduite par son restaurant. Ce qui est fascinant, c’est que chaque aspect y est minutieusement réfléchi : le choix des producteurs, le personnel, la décoration incroyable du lieu, la mise de table… Au-delà d’être un chef d’exception, Guillaume est un esthète et c’est son attention à l’ensemble de sa proposition gastronomique qui me touche. Quant à l’assiette, c’est un véritable travail d’orfèvre. Un talent incroyable, ce Guillaume. Nous avons eu beaucoup de plaisir, Nicolas Moisset et moi, à l’interviewer pour notre podcast “Folie Montpellier”.
Et des anecdotes autour de la table ?
Autour d’une table il se passe toujours quelque chose. Pour moi, c’est souvent synonyme de rencontres, de discussions bien sûr. Mais en revanche, je n’ai pas d’anecdote en particulier. Peut-être que ce qui me touche le plus, c’est le fait que chaque moment à table soit unique et qu’il puisse faire partie d’un joli souvenir ensuite.
Vous considérez-vous comme une épicurienne ?
Absolument. Pour moi, l’épicurisme fait partie intégrante de ma manière de vivre. C’est un état d’esprit que je cultive depuis longtemps, un rapport privilégié au plaisir des sens et à la découverte. C’est un peu ma philosophie de vie.
Être épicurienne, c’est plus qu’apprécier la
gastronomie, c’est un art de vivre.
C’est avant tout chercher à vivre de bons moments. Ce n’est pas juste savourer ce qui est sur la table, c’est aussi être curieux, me mettre activement en quête de ce qui peut nous apporter du plaisir. Ce qui m’intéresse, c’est de ne pas simplement suivre la masse mais aussi de défricher les sentiers non battus. Cela passe également par la sensorialité. Par exemple, il y a quelques années j’ai découvert une parfumerie de niche dans l’Écusson et en même temps l’histoire magnifique du lien entre les parfums et la ville de Montpellier. C’est passionnant ! Cela fait partie de ces plaisirs des sens : les odeurs, les textures, les couleurs, les sons…
Faites-vous attention à ce que vous mangez ?
Oui, absolument et ce depuis mon enfance. Je n’aimais pas aller à la cantine, parce que pour moi qui suis fin gourmet, je trouvais la nourriture abondante mais sans qualité. Aujourd’hui je n’ai pas de restrictions particulières mais chez moi comme au restaurant, j’ai toujours privilégié une alimentation saine, locale et aussi raisonnée que possible.
Est-ce que vous avez un plaisir coupable en matière de cuisine ?
Je ne suis pas spécialement bec sucré. Mais il y a de très bonnes pâtisseries à Montpellier… Alors, j’adore me faire plaisir en achetant un petit gâteau individuel ou une bonne glace l’été. Découvrir également les nouvelles recettes et en discuter avec les pâtissiers.
Est-ce que vous cuisinez ?
Notre organisation familiale fait que… c’est mon compagnon qui est le Chef en cuisine ! Alors, hormis comme commis parfois, je ne passe pas beaucoup de temps en cuisine. J’interviens quelquefois comme un chef en résidence.
Et concernant le vin, est-ce que vous êtes amatrice ?
Oui je suis une amatrice de vin français. Plus jeune, je ne consommais pas forcément local. J’avais d’autres références comme les Bourgogne, les Bordeaux ou les vins de Loire. Mais avec le temps, mon palais s’est développé avec de nouveaux cépages, de nouvelles notes. Aujourd’hui je partage bien volontiers des bouteilles plus locales. J’ai eu la chance de rencontrer pour mon blog la famille Daumas-Gassac sur son domaine et de poursuivre évidemment la visite par une incroyable dégustation. J’ai plaisir aussi à me rendre régulièrement à l’invitation de domaines du Pic Saint-Loup notamment à travers les évènements qu’ils organisent. Et puis, nous avons aujourd’hui de belles adresses de bars à vins à Montpellier, j’y découvre parfois de jolis flacons qui viennent de l’étranger accompagnés de bonnes assiettes à partager, c’est toujours un plaisir !
Dernière question, Jeanne. Si vous pouviez organiser un dîner avec une personnalité vivante ou disparue, laquelle inviteriez-vous ?
Aujourd’hui, je pense à Georges, le papa de mon amie d’enfance. C’était un homme qui était peu souvent chez lui car son travail l’emmenait à l’étranger, il travaillait sur des plateformes pétrolières. Il nous racontait ses voyages, ce qui me fascinait à l’époque car dès l’enfance, j’ai eu ce goût pour l’ailleurs. Moi, j’admirais cette liberté que lui procurait son travail. Ce qui était vraiment touchant, c’est qu’il m’envoyait régulièrement des cartes postales, il avait une très belle écriture et une jolie façon de raconter ses voyages. Il commençait toujours par “Chère Jeanne” et poursuivait par quelques mots du type “voilà une carte postale de la Baie d’Ha Long…” Cela m’emportait immédiatement. Il est malheureusement décédé, mais aujourd’hui, j’aimerais qu’il me raconte ses aventures, l’ailleurs…
Les infos :
/ www.j-mus.fr
/ Instagram : @jeanneBellaïche
/ Podcast : smartlink.ausha.co/folie-montpellier
LES COUPS DE CŒUR DE JEANNE :
/ Restaurant Leclère
/ Hôtel Pinard
/ La Maison d’Anna
/ Club Casse-Croûte
/ FAIM, soif aussi
/ Coppia
/ Äponem
Un immense merci à l’Hôtel Richer de Belleval pour son accueil exceptionnel et à Jacques et Laurent POURCEL pour leur générosité et leur chaleur. Ce lieu, chargé d’histoire et de beauté, a offert un cadre parfait pour cet échange, où l’art de vivre prend tout son sens.