Palavas-les-Flots, un matin de mars. En parcourant le quai rive gauche, une voix forte à l’accent ensoleillé, attire immanquablement l’attention. C’est celle de Jean-Marie Benezech, un des pêcheurs emblématique de ce petit port de pêche. Aujourd’hui, à la retraite, c’est son neveu, Sébastien qui a repris le flambeau.
Les clients, habitués pour la plupart, se succèdent sur l’étal du « Jean-Marie André II » face au bureau de tabac. Les poissons sont pesés, écaillés, vidés, rincés et emballés. « Aujourd’hui, il y a des soles et des turbots. Cela faisait dix jours que le bateau n’avait pas quitté le port en raison du mauvais temps, » nous explique Sébastien. Il vend sa production en direct, sur le quai et à la criée. «Ici, c’est plus frais et moins cher que chez le poissonnier.» Ce n’est pas un hasard si c’est l’une des bonnes adresses des chefs : Michel Alexandre avait l’habitude de se servir ici. Paul Courtaux du Saint-Georges vient très régulièrement.
« Pour être pêcheur il faut vraiment le vouloir, on se lève de bonne heure le matin, on se couche tard le soir, il faut vraiment aimer ça pour tenir », explique Jean-Marie.
Après la vente, il faut retourner à la mer. Cela ne laisse pas beaucoup de place à la vie privée. « C’est un métier de liberté, on est patron c’est déjà bien, mais quand il faut aller travailler, samedi, dimanche, jour de fête, on y va, » confirme-t-il.
Sébastien acquiesce. La pêche, c’est dans ses gênes. « Je viens d’une vieille famille de pêcheurs,» confie-t-il. « Les pêcheurs, c’est souvent de père en fils. Le mien a fait autre chose, mais mon neveu a repris le flambeau, » raconte Jean-Marie.
« À 14 ans, je ne voulais plus aller à l’école. Mon père m’a dit : « tu ne veux pas aller à l’école ? Alors à la mer ! » Cet homme au caractère bien trempé, préfère qu’on l’appelle « la cigogne ». Ce surnom, il le doit à ses années de rugby. « De grandes jambes et un gros bec », s’amuse Sébastien. «Quand j’ai commencé avec mon frère il y avait 220 pécheurs sur Palavas. Une vingtaine qui faisait la mer, 200 qui faisaient l’étang» se souvient la cigogne.
«Maintenant ils sont à peine une trentaine. Beaucoup font 6 mois la mer et 6 mois l’étang pour les anguilles.» Son histoire, ancienne et nouvelle, Palavas-les-Flots la doit à ses pêcheurs qui lui ont donné une identité forte.
TEXTE MARIE GINESTE
PHOTOS GUILEHM CANAL