L’édifice ouvrira ses portes au printemps 2020. Les travaux, démarrés en 2017, dévoileront bientôt un ensemble hôtelier de 1880 m² comprenant un restaurant, une fondation dédiée à l’art contemporain et un hôtel d’exception. En exclusivité, nous avons fait, à quelques mois de l’inauguration, le tour du propriétaire en compagnie de Jacques Pourcel.
La Canourgue, la plus bucolique des places montpelliéraines. C’est dans ce bâtiment historique au charme suspendu que le prochain établissement des Pourcel a élu domicile.
Hôtel particulier du XVIIe siècle, puis hôtel de ville de 1816 à 1975, il abrita le conseil de prud’hommes jusqu’en 2010 avant d’être classé au titre de Monuments Historiques en 2015. Bientôt, il accueillera un hôtel Relais et Châteaux, le restaurant gastronomique des frères Pourcel, ainsi que la fondation Helenis pour l’art contemporain. De nouvelles fonctions à la hauteur de son lustre d’antan.
Dessiné par l’architecte parisien Philippe Prost, le projet est porté par le groupe Pourcel-Château et le promoteur immobilier Hélénis, filiale du groupe GGL. Côté décoration, c’est Christian Collot qui est en charge de ce nouveau projet d’envergure. Son fil conducteur : la première salle de restaurant où les dorures au plafond rappellent la splendeur d’un palais d’autrefois.
Les matières, le velours, le laiton, le lustre à pampilles, le miroir, la cheminée en marbre, le parquet point de Hongrie : c’est ce que nous devrions retrouver à l’intérieur des 20 chambres du futur établissement. Chacune aura sa couleur, son identité. Un parti pris pour le confort et le romantisme en opposition avec l’ultra contemporain et le design habituel. Au premier étage, les chambres dont les décors, gypseries et trumeaux sont inscrits au titre de monuments historiques, seront sublimées par des tons pastel. Le deuxième étage accueillera une palette de couleurs plus fortes comme le bleu, le pourpre et la grenade, créant des univers à part entière, avec la cathédrale Saint-Pierre pour horizon.
La table gastronomique s’étirera sur trois salles voûtées au rez-de-chaussée de l’hôtel. Des pièces d’une centaine de mètres carrés – où de nombreuses peintures ont été découvertes –constitueront le décor de la table gastronomique avec ses 35 couverts.
Ornée de “gypseries”, la première abrite des peintures attribuées au célèbre Montpelliérain Jean de Troy et représentent une allégorie des saisons et des vanités de l’existence humaine. Le plaisir et l’amour au Sud, la force et la gloire au Nord. La deuxième abrite un décor d’architecture en trompe-l’œil composé d’un médaillon central et de voûtes ouvertes sur un ciel dégagé. La troisième a, quant à elle, révélé un décor de rinceaux peuplés d’animaux et de visages angéliques, peints dans un camaïeu de bleus.
Il faut l’avouer, il s’agit d’une rénovation titanesque. Un chantier difficile, qui recommence un peu tous les jours, en raison des nombreuses découvertes extraordinaires, chaque fois que l’on ouvre un mur, ou un plancher. Des trouvailles qui ont été valorisées plutôt que recouvertes. Des sondages ont en effet confirmé la présence d’œuvres dissimulées par des faux plafonds, des cloisons ou recouvertes par des enduits. Il a fallu procéder au dégagement complet au scalpel et au solvant. Un travail minutieux pris en charge par les ateliers Ricou mondialement reconnus. Les nombreux visages sculptés dans la pierre dans la cour d’honneur ont, quant à eux, été restaurés par l’atelier Romel.
L’ancienne salle des mariages au premier étage, qui abritera le bar, sera accessible pour les clients ne résidant pas à l’hôtel. Au fond, un bar se dressera avec démesure à la manière d’un cabinet de curiosités recelant pièces rares et surprenantes au milieu des bouteilles et flacons. Ce salon à l’italienne, remarquable par ses volumes et ses décors, mais aussi la cour et la terrasse sur la place, proposeront une bistronomie harmonieuse tous les jours midi et soir. Les produits régionaux seront valorisés, “nous irons chercher les meilleurs producteurs dans un rayon de 50 à 60 km”, assure Jacques Pourcel, impatient.
TEXTE MARIE GINESTE
PHOTOS ©GUILHEM CANAL