Parlez-nous de l’association ?
Pendant plus de dix ans, j’ai été le vice-président d’une association nationale que j’ai quittée quand je suis venu m’installer en Languedoc-Roussillon. Mais ayant été dans la vie associative depuis mon plus jeune âge, j’ai souhaité continuer à œuvrer pour les enfants hospitalisés. En 2011, j’ai proposé un nouveau projet de création à différentes personnes, et notamment aux sportifs Olivier Sarramea et Cédric Burdet. Nous avons créé HEVAE qu’ils président. J’en suis le cofondateur et le coordonnateur général. Notre ambassadeur est Vincent Moscato. On se connaît depuis très longtemps, on a joué au rugby ensemble. Huit cadres de santé de pédiatrie nous accompagnent et garantissent la pertinence des projets que nous proposons, et plus de 30 bénévoles nous aident quotidiennement.
Quel est son but ?
Faire ce que les autres associations ne font pas. Nous donnons du temps, non de l’argent. Nous avons choisi de créer des projets pédagogiques ludiques qui s’adaptent à toutes les pathologies, à tous les handicaps et à tous les âges (de 5 à 18 ans). Et c’est loin d’être une tâche aisée. Par exemple, notre premier projet a été bâti autour de la biodiversité marine, plus précisément autour des tortues marines, en collaboration avec le CESTMED. Avec l’aide du responsable du centre de soins, nous avons monté un projet pédagogique adaptable à tous les âges et à toutes les pathologies avec une finalité intéressante. Les enfants ne sont plus des malades. Ils deviennent les docteurs des tortues. Le fil conducteur de tous nos projets, c’est d’apprendre en s’amusant. Tous nos projets sont conçus sur du long terme. Aujourd’hui nous en comptons une petite vingtaine. Mer, campagne et montagne… ils sont déclinés en sous-ateliers autour, par exemple, des abeilles ou de la vigne, etc. On travaille également des ateliers autour du sport, ou encore de l’histoire de France, de la musique…
Pourquoi HEVAE ?
Il y a le prénom Eva, c’est celui d’une petite fille qui m’a beaucoup marqué. J’ai voulu lui rendre hommage. Le reste, ce sont les enfants qui l’ont trouvé. Il y a le “H“ pour Hôpital ou Handicap, le “E” pour Énergie, le “V” pour Victoire, le “A” pour Aider, Avancer. Le “E” pour Ensemble. Des termes positifs qui forment l’ADN de l’association.
Quel est votre lien avec les chefs ?
On a créé un projet pédagogique ludique et thérapeutique autour de la cuisine, avec le soutien de certains. Avec Petit Pierre par exemple, à Béziers. Il a accueilli chez lui des enfants anorexiques ou en surpoids pour leur permettre de reprendre contact avec une nourriture saine, avec des légumes et des fruits de saison. Certains gamins n’avaient jamais vu de courgettes ni de kiwis. Cela peut paraître anodin, mais les sortir de l’hôpital pour les amener dans la cuisine d’un chef connu qu’ils voient à la télévision pour qu’ils composent leur propre plat qu’ils vont manger sans contrainte, c’est juste énorme. Pour preuve, on a une petite qui, dès sa première venue, s’est remise à manger et six mois après, elle quittait l’hôpital. Avec Paul Courtaux, nous avons eu la même démarche avec les enfants de l’Institut Saint-Pierre, des enfants en surpoids.
Comment financez-vous tout cela ?
Par des dons privés ou des événements que l’on crée parce qu’on ne veut pas être dépendant du public.
Quelles sont les actions que vous développez cette année ?
Après la création de ces ateliers autour de la cuisine, il nous a paru nécessaire de travailler aussi sur le produit que l’on va cuisiner. On a donc décidé de créer un jardin partagé pour tous les hôpitaux de la région. Il sera installé à Bessan, ce sont les enfants qui vont tout construire. De l’abri de jardin au poulailler, en passant par les plantations et la culture, chacun prenant la suite de l’autre. Les enfants des écoles, de la crèche et du centre de loisirs de la ville, vont également être impliqués. Le projet se veut intergénérationnel. Les séniors interviendront comme accompagnants tandis que sept jardiniers professionnels encadreront les travaux en tant que bénévoles. La construction et la préparation du jardin commenceront dès septembre pour que l’on puisse récolter au printemps prochain.
Allez-vous pouvoir intégrer, là également, des sous-ateliers ?
Oui. Dans ce jardin, outre les légumes et les fruits, on va mettre des fleurs pour expliquer la pollinisation. Mais aussi la permaculture. Par ailleurs, ce projet fait appel à des notions de science ou de géométrie.
Comment comptez-vous valoriser la production de ce jardin ?
Soit par les chefs, soit par la vente directe via l’association qui nous permettra de financer l’entretien du jardin, son développement et pourquoi pas la construction d’un second jardin.
Un mot sur votre actualité…
Nous organisons notre première kermesse le 4 juillet prochain au golf de Fontcaude. Elle sera ouverte au public et aux enfants des écoles. Ce sera entre autres l’occasion pour les enfants de présenter le jeu de société qu’ils ont créé lors d’un atelier organisé avec l’Institut Saint-Pierre.
Avenue de Lodève
34070 Montpellier
T. 06 16 24 94 16
www.hevae.fr
Texte Marie Gineste
Photos ©Guilhem Canal