Au début de l’année, le jeune entrepreneur âgé de 31 ans annonçait le lancement de Lunchr, une plateforme numérique de prise de commandes sur place ou à emporter à l’heure du déjeuner afin de limiter le temps d’attente au restaurant. Désormais connu dans le monde du numérique, le cofondateur de Teads se lance dans la food tech et réalise une première levée de fonds de 2,5 millions d’euros. Entre calme et ténacité, Loïc Soubeyrand est la force tranquille de l’entrepreneuriat.
Trois mois après avoir quitté Teads, vous lancez Lunchr, un site internet de restauration. Vous réalisez une levée de fonds de 2,5 millions d’euros avant même le lancement de la version bêta prévu en mars à Montpellier. Nous sommes en septembre, où est-ce que vous en êtes ?
On a sorti la version bêta officiellement à Montpellier en avril et en mai à Paris où il y a une densité de restaurant particulièrement intéressante à travailler. Nous en sommes déjà à 400 restaurants sur seulement deux arrondissements. L’idée fondamentale, c’est de faire fonctionner le produit dans une petite aire, pour ensuite le déployer au niveau national. Au départ nous nous sommes concentrés sur l’expérience de prise de commande, l’optimisation du temps d’attente, puis sur le gain d’argent avec le concept des commandes groupées. Le principe étant que plus vous êtes nombreux à commander, plus vous aurez accès à la réduction. En amenant du volume, on crée un cercle vertueux où tout le monde est gagnant.
Après l’univers des médias, vous vous lancez dans celui de la Food Tech. Comment l’idée vous est-elle venue ?
C’est parti d’un constat personnel. Il n’y a pas de belle histoire à raconter. Je rencontrais des difficultés tous les midis, et j’en avais marre de faire la queue, d’attendre 15 minutes ma salade. J’ai donc cherché un moyen de faire gagner du temps aux consommateurs comme aux restaurateurs.
Lunchr, comment cela fonctionne et cela s’adresse à qui ?
L’idée s’est d’agréger un maximum d’informations à 300 ou 400 mètres. On est sur le déjeuner et forcement sur l’entreprise. Notre vocation à terme c’est d’être la plateforme de référence en entreprise.
Vous cherchez à optimiser le temps d’attente, mais vous? Prenez-vous le temps de bien manger ?
Je fais de plus en plus attention. Plus j’avance dans l’âge même si je suis jeune plus j’y fais attention. C’est quelque chose que j’aimerais développer sur l’application. Je pense que les gens ont besoin de comprendre ce qu’ils mangent. Et le numérique permet de fournir tout en tas d’informations notamment sur les valeurs nutritives ou caloriques de tel ou tel produit.
Et le temps de cuisiner ?
Pas assez. Par manque de temps. C’est plutôt ma femme qui cuisine. Mais j’ai fais l’acquisition d’un Thermomix, qui me sauve la vie.
C’est quoi un bon repas pour vous ?
Un bon repas c’est quelque chose de sain, il faut que j’ai l’impression de bien manger. Donc il doit être équilibré avec quand même entrée, plat, fromage et dessert ! Finalement assez à la française.
Quel est votre plat préféré ?
Je me suis découvert cet été une passion pour le gaspacho… J’en avais bien évidemment déjà mangé mais là c’était différent ! C’est très rafraîchissant. Et c’est vraiment très bon.
Aujourd’hui, vous allez au restaurant pour le plaisir ou pour le travail ?
Le midi c’est pour le travail. Le soir c’est pour le plaisir. Je n’y vais pas assez à mon goût mais j’essaie de m’améliorer. Notamment de passer plus de temps avec ma femme. La vie d’un entrepreneur est compliquée, tu as vite fait de confondre pro et perso. Le déséquilibre peut vite se créer. Donc on a mis en place des petits rituels comme celui d’aller au restaurant.
Avec Lunchr, vous avez dû développer un réseau autour des restaurants. Comment cela s’est-il déroulé? Comment les restaurants ont-ils accueilli votre concept ?
C’est nos équipes en direct qui s’en occupent. On tient à sélectionner nos restaurants. Sur la qualité, l’affluence, mais aussi la densité. Et le concept a bien été accueilli. En face de nous, il y a des plateformes qui font la livraison, et qui en conséquent prennent 30% de commission. Nous, nous travaillons le sur place ou à emporter. Mécaniquement nos commissions sont moindres. Du coup ils s’y retrouvent largement.
Comment envisagez-vous la gastronomie dans la région ?
Je me suis vraiment retrouvé dans le concept du Terminal#1. Je trouve que l’ambiance est très londonienne, très capitale. J’aimerai bien qu’on continue d’aller dans ce sens là.
Quelle est votre meilleure table à Montpellier ?
Le Terminal#1. Mais aussi le Petit Jardin, pour le cadre.
Dans vos enjeux à court terme, j’imagine qu’il y a l’international ?
Oui, mais très ciblé sur certains pays. Comme le Brésil et le Mexique par exemple. Étant donné que nous sommes accès sur le déjeuner, forcement tout ce qui touche de près ou de loin aux titres-restaurant nous intéresse. C’est une invention française créée il y a 50 ans et exportée dans 43 pays. Et le marché numéro 1, c’est le Brésil.
Quelle cuisine appréciez-vous dans le monde ?
L’Italie, j’adore. Je reste très méditerranéen. Il me semble qu’on ne fait pas mieux que la cuisine française et italienne.
À un verre de vin, vous dites oui ?
Oui. Champagne y compris ! Un bon repas, c’est un repas avec du vin. Par contre, je m’interdis de boire de l’alcool le midi.
Plutôt rouge, blanc ou rosé ?
Cela dépend du moment.
Vous pouvez nous citer un souvenir de gastronomie ?
C’était au Jardin des Sens, il y a trois ans pour la galette des rois. Je ne peux pas expliquer pourquoi, mais je n’ai jamais mangé une frangipane aussi bonne ! Chez Marx aussi à Paris, au Mandarin Oriental. Il revisitait des plats dont une tomate mozzarella avec un voile de vinaigre, je n’avais jamais vu cela. C’était incroyable. Et des pâtes à la carbonara, les meilleures que j’ai eu l’occasion de goûter. C’est de cette manière que j’ai compris la valeur du travail d’un chef. Cette capacité qu’ils ont à sublimer quelque chose de très basique.
À 31 ans, vous êtes déjà très accompli professionnellement. Que peut on vous souhaiter pour la suite?
Arrêter je n’y crois pas car je pense qu’on a ça dans le sang lorsque l’on est entrepreneur. Faire autre chose, probablement. Je suis d’un naturel très curieux. Il y a fort à parier que l’aventure d’après sera encore dans un domaine différent. J’ai encore besoin d’apprendre.