Depuis 30 ans, Alain Pourthié élève des volailles à Candillargues. Et de leur alimentation à la commercialisation, il a développé un savoir-faire unique. Pour offrir un produit à la qualité rare.
« Le poulet… j’adore ça ! » Regard pétillant et large sourire. Alain Pourthié, 60 ans, est un homme heureux. Depuis plus de 30 ans, ce producteur de volailles, né à Mauguio et installé à Candillargues, a façonné son rêve : être libre, et faire ce qui lui plait. Pourtant, au départ, sa carrière semble toute tracée. Après un BEP comptabilité, il intègre le Crédit immobilier de France. « Je travaillais dans la gestion des emprunts. Cela m’a sans doute donné des compétences dans la gestion d’une entreprise ! »
UN SUCCÈS RAPIDE
Mais à même pas 30 ans, alors qu’il se marie avec Viviane, l’homme imagine une autre vie. « Je voulais travailler pour moi, raconte-t-il. Ne plus être enfermé tout le temps. » Le couple se lance donc dans l’agriculture. « Ce n’était pas dans la culture de ma famille. Mais cela correspondait à nos envies. » À la fin des années 70, ils s’installent dans les terres des beaux-parents, à Candillargues. Le couple commence par produire des fraises, vendues au bord de la route. Mais rapidement, le maraîchage ne suffit pas. « Il y a trop de saisonnalité, analyse Viviane Pourthié. On voulait une activité pérenne toute l’année. » Ils ne se souviennent plus trop qui a eu l’idée, mais un jour, ils créent un petit bâtiment en bois de 18m2, pour y installer des poussins. « On ne connaissait strictement rien à l’élevage des volailles. On a tout appris par nous-mêmes. » Pour les nourrir, il choisit de tout produire seul. Une démarche difficile. « On ne voulait pas donner des farines de mauvaise qualité. Mais nos idées n’allaient pas. Sans formation, faire de l’aliment, c’est complexe. On en a pris, des baffes ! »
Mais la persévérance sera payante : très vite, le succès est au rendez-vous. « La crise de la vache folle a été un déclic. Les gens voulaient savoir d’où venaient les produits. On a toujours mieux vendu que ce qu’on pouvait produire. »
PRIVILÉGIER LA VENTE DIRECTE
Petit à petit, l’élevage se développe. Et le couple Pourthié perfectionne son savoir-faire. « On est allé voir des salons à Paris. On a découvert des Italiens qui faisaient des poulaillers en serre. Une très bonne idée, qu’on utilise toujours. » Pourtant, malgré son expérience dans la finance, les banques refusent de suivre. « Elles nous disaient que créer un élevage ici, ce n’était pas possible. On a croisé pas mal de gens qui disaient que notre projet était un peu fou. Mais on avait une vraie demande des consommateurs. On a trouvé des solutions. » Son idée en or : vendre lui-même sur les marchés. Castelnau, puis Mauguio, les Arceaux, Castries… « C’est ce que veut le client : rencontrer le producteur. Il peut poser des questions. Cela le rassure. »
L’exploitation s’agrandit : création d’un abattoir, multiplication des poulaillers, achat de véhicules, installation d’un labo pour fabriquer saucisses de volaille et viandes marinées… Et depuis ce printemps, la ferme accueille même « Pourthié & Co », une boutique de producteurs ! « On peut y faire toutes ses courses. Au moins, là, on trouve des produits de qualité. »
ICI, PAS DE BATTERIE
Désormais installé sur 3 hectares, le couple Pourthié travaille avec ses enfants. 13 poulaillers permettent de produire 35 000 à 40 000 poulets et pintades par an. Elles sont proposées entières, ou à la découpe, en filets, cuisses et ailes. Et si l’exploitation n’est pas labellisée bio, c’est tout comme. «L’aliment, c’est un mélange de maïs, qui apporte la graisse et l’énergie, et de tourteau de soja, pour les protéines. Ce sont les deux céréales les plus nobles pour les volailles. Et on arrive à les élever sans antibiotiques ni médicaments ! » Il suffit de visiter les poulaillers pour comprendre la différence. Ici, pas de batterie : les poulets et pintades sont libres de vivre à l’air libre dans de grands enclos. « C’est important qu’elles puissent bouger. Cela contribue à la qualité du produit. »
Les sols sont recouverts de copeaux de bois, qui limitent les odeurs et les maladies. Et après chaque génération de volailles, c’est le grand nettoyage : le poulailler est laissé ouvert à l’air libre pendant un mois. « On appelle cela le vide sanitaire. C’est la garantie de la propreté ! » Les déchets sont valorisés : les copeaux de bois deviennent du compost, vendu aux maraîchers des environs.
UNE CHAIR PLUS GOURMANDE
Et qu’on ne lui propose pas de vendre ses produits dans les supermarchés ! « Jamais on ne verra mes volailles là-bas. Je ne supporte pas la grande distribution. Ils maîtrisent le coût, la vente. Cela pousse à faire n’importe quoi ! En vendant uniquement par nous-mêmes, on gagne plus, et on peut défendre un produit de qualité. » Son secret : il élève ses poulets pendant 120 jours, au lieu de 84 dans les élevages industriels. « Cela donne une chair plus ferme, plus gourmande. » Il sait de quoi il parle : il est son meilleur client. « Le poulet, on en mange presque tous les jours.
Grillé au four, ou en cocotte, c’est fabuleux ! » Préfère-t-il la chair blanche ou jaune ? « Les deux ! C’est une question de goût. La jaune est un peu plus grasse, avec un goût plus fort. La blanche est plus ferme, plus fine. Mais dans les deux cas, le poulet, c’est tellement bon… » Oui, Alain Pourthié est un homme heureux…
GWENAËL CADORET
Maison Pourthié, chemin Gastade à Candillargues – 04 67 29 50 19 – pourthie.com.