ON A CUISINÉ… Antonia Davin avec Guillaume DESPONT

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Ce matin-là, dans la cuisine de Guillaume Despont, résonne le doux cliquetis des ustensiles. Le chef a décidé d’inviter Antonia Davin, co-gérante de la société MultiZone et passionnée de gastronomie, à partager un moment privilégié.

Nos deux comparses se connaissent depuis plusieurs années. “On s’est rencontrés à travers l’association des Chefs d’Oc, raconte Antonia, et rapidement, on s’est découvert des points communs, notamment nos racines espagnoles et notre amour pour la cuisine méditerranéenne”. “C’était évident d’inviter Antonia, explique Guillaume, sourire aux lèvres. Non seulement elle est passionnée de cuisine, mais elle a toujours été à nos côtés pour soutenir l’association des Chefs d’Oc”. Antonia est née en France, mais est issue d’une famille andalouse ayant émigré pendant la dictature de Franco. Ses parents ont fui l’Espagne, mais une grande partie de sa famille y est restée, notamment dans la région de Séville. “On parlait espagnol à la maison, et je n’ai appris le français qu’à l’école, à l’âge de trois ou quatre ans”, se souvient-elle. Cette immersion culturelle précoce a profondément marqué son identité. “Même si je suis née en France, je me sens très espagnole”, confie-t-elle avec émotion, expliquant que son lien avec ses racines est indissociable de sa passion pour la cuisine. “La gastronomie, c’est une manière de maintenir un lien fort avec mon héritage familial et culturel”.

Aujourd’hui, Guillaume et Antonia ont décidé de cuisiner ensemble un couscous végétal, une recette riche en saveurs et en simplicité, à l’image de cette rencontre. Un plat qui s’inscrit dans une démarche d’authenticité, sublimé par des légumes de saison et des épices méditerranéennes. “Le couscous, c’est une base pour tout, précise Guillaume. On peut le décliner avec ce que l’on veut : légumes, fruits secs, viandes ou poissons. C’est un plat qui laisse libre cours à la créativité”. Antonia écoute attentivement les conseils de Guillaume en préparant les légumes frais. “Le secret du couscous, c’est la semoule, explique le chef. Il faut qu’elle soit légère, bien hydratée mais pas collante. Et pour ça, je conseille toujours de la cuire à la vapeur avec un film alimentaire”. “Et les légumes ? demande-t-elle Quelles épices utilises-tu ?” Guillaume répond immédiatement : “C’est là qu’on personnalise le plat. Pour cette version végétale, je mise sur du cumin, de la cannelle, du curcuma, et un peu de ras el-hanout. Ça donne une profondeur aromatique incroyable. On fait revenir les légumes lentement, on ne presse rien. Et je fais rôtir légèrement les aubergines. C’est un plat qui prend son temp”. Antonia, dont la passion pour la cuisine s’est manifestée très tôt, se met au travail avec aisance. Elle se souvient de ses premières expériences culinaires, notamment lorsqu’elle participait à des concours. “La cuisine a toujours été une façon de partager et de faire plaisir aux autres”, dit-elle en souriant, visiblement à l’aise dans l’atmosphère détendue de la cuisine de Guillaume. Ils discutent de l’importance de cuisiner de saison, une valeur essentielle pour Antonia. “J’adore aller au marché de Mauguio, près de chez moi. C’est là que je trouve les meilleurs légumes”, explique-t-elle, les yeux brillants. Le duo s’affaire sur le plan de travail tout en échangeant des souvenirs culinaires. Antonia se rappelle les repas traditionnels espagnols préparés par sa mère : “À la maison, on parlait espagnol et on mangeait comme en Andalousie. Le dimanche, c’était paella au feu de bois ou migas. Pour moi, la cuisine est indissociable de ma famille et de mes racines”. En parallèle de sa passion pour la cuisine, Antonia raconte son parcours professionnel. Elle est à la tête avec son mari de la société MultiZone, une entreprise spécialisée dans l’image et le son. “Nous travaillons avec des restaurants, des hôtels, mais aussi des institutions culturelles, explique-t-elle. Mon mari gère la partie technique, tandis que moi, je m’occupe du développement, du marketing et des relations humaines”. Mais ce qui distingue particulièrement Antonia, c’est son engagement envers les femmes entrepreneures.

Elle est membre active de Féminin Pluriel, une association internationale dédiée aux femmes chefs d’entreprise. “Au début, j’étais réticente à rejoindre une association, avoue-t-elle. Mais j’ai rapidement trouvé un espace bienveillant et stimulant. C’est un lieu de partage où les femmes peuvent s’entraider, échanger leurs expériences, et se soutenir dans leurs projets professionnels”. Elle évoque avec enthousiasme un séminaire à venir au Parlement d’Athènes, où elle contribuera à une réflexion sur l’entrepreneuriat féminin. “Je veux aider d’autres femmes à développer leur entreprise, à croire en elles, et à franchir les obstacles”.

Un sujet qui lui tient particulièrement à cœur : la place des femmes dans la gastronomie. “Les femmes ont souvent moins de visibilité dans ce domaine, remarque-t-elle. Leurs parcours sont parfois plus difficiles que ceux des hommes”. Pour elle, il est essentiel d’encourager les femmes à prendre confiance en elles, à revendiquer leur légitimité. “Je me dis féministe, mais d’une manière mesurée, précise-t-elle. L’important, c’est de promouvoir l’égalité et de permettre à chaque femme de trouver sa place”. Elle est également grande amatrice de vin, une passion qui lui a été transmise par son père, régisseur dans un domaine viticole près de Montpellier, le Mas du Ministre. “Le vin fait partie de ma vie depuis toujours, raconte-t-elle. Mon père s’occupait des vignes et de la production du vin, et j’ai grandi entourée de ce monde”. Elle raconte avec fierté l’évolution du domaine, passé de la culture du raisin de table à la production de vin. Aujourd’hui, Antonia a une préférence marquée pour les vins blancs, notamment les appellations Puligny-Montrachet et les vins de la Vallée de la Loire. “Le vin, c’est aussi une manière de partager. Tout comme la cuisine, il réunit les gens”, ajoutet-elle, insistant sur l’importance de la convivialité lors des repas qu’elle partage, que ce soit en famille ou avec des amis.

En cuisine, les légumes sont prêts et la semoule parfaitement cuite. “Pour finir, je rajoute des herbes fraîches, menthe et coriandre, ça donne un coup de peps au plat”, explique Guillaume. Antonia acquiesce : “La cuisine, c’est vraiment ça pour moi : du partage. Voir les personnes se régaler, c’est ce que j’aime le plus”. Un sourire complice se dessine sur leurs visages alors qu’ils dressent les assiettes. Le moment de dégustation est empreint de convivialité. Autour du plat de couscous végétal, les discussions continuent sur le vin, le terroir, et bien sûr, l’avenir de la gastronomie. Antonia Davin est une femme profondément ancrée dans ses valeurs et ses traditions. Sa vision de la gastronomie, du vin, et du rôle des femmes dans ce domaine résonne avec un message fort de transmission, de partage et d’hospitalité. Pour elle, la cuisine et le vin ne sont pas simplement des plaisirs, mais des ponts entre les cultures et les générations, des symboles d’un lien indéfectible avec son héritage.

Infos :
203, rue de l’Industrie – MONTPELLIER
T. 04 67 65 09 76
www.multizone.fr