ON A CUISINÉ… Fulgence Ouedraogo responsable de la marque MHR avec Guillaume LECLERE

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C’est dans la cuisine du restaurant étoilé de Guillaume Leclère, sous le regard bienveillant du chef, que nous avons rencontré Fulgence Ouedraogo, le temps d’une recette. Le troisième ligne emblématique du MHR aura passé ses dix-huit ans de carrière de rugbyman à Montpellier, il est d’ailleurs le recordman du nombre de matches avec le maillot des Cistes. Il est aujourd’hui responsable du développement, de l’identité et de la marque MHR. Avec la simplicité et la pudeur qui le caractérisent, il nous a raconté son goût pour la table et son parcours d’athlète.

Guillaume, quelle recette allez-vous préparer ?
Nous allons faire une entrée avec ces jolies asperges. Nous allons confectionner des petites timbales avec des feuilles de brick que l’on va cuire entre deux moules à pâtisserie. Nous allons y mettre une mousse au raifort, un gel d’asperge, une glace à la menthe et des vermicelles d’asperge.

Fulgence : Est-ce que l’on commence par les vermicelles ? Vous connaissiez-vous, tous les deux ?
Guillaume Leclère : Plus ou moins, oui. Fulgence est déjà venu au restaurant. Pour la petite histoire, à Noël, il était embêté avec son chapon. Je lui ai donné des conseils à distance.

Ah, donc vous cuisinez ! C’est pour cela que tu lui as proposé l’interview…
Guillaume Leclère :
J’avais cela en tête, oui. Je sais qu’avec Ariane ils aiment bien cuisiner.
Fulgence : Oui, on aime bien recevoir. On aime la cuisine conviviale. Je viens du rugby quand même ! (Rires)
Guillaume : C’est un milieu que j’apprécie. J’aime l’atmosphère et les valeurs autour du rugby.

Guillaume : Et quand tu cuisines, que prépares-tu ?
Fulgence :
Je fais des viandes grillées, le barbecue, j’adore. Je fais des marinades.

Quel lien faites-vous entre la cuisine et le rugby ?
Fulgence :
La convivialité, c’est le lien je pense. La précision, la rigueur. Le travail d’équipe.
Guillaume Leclère : C’est collectif. Tout seul, on ne va nulle part. Il faut qu’il y ait un meneur et que, derrière, tout le monde ait la même mentalité, le même état d’esprit pour avoir cette volonté d’avancer dans le même sens.

Qu’est-ce que tu aimes dans la cuisine de Guillaume ?
Fulgence :
Il prend des produits qui peuvent être assez simples, mais il arrive à leur donner un côté très fun comme dans ce cas, avec l’asperge. C’est très intéressant. Sa valeur ajoutée, c’est la transformation. Sa créativité, son savoir-faire.

Que représente la cuisine, pour toi ?
Fulgence : J’aime cuisiner et j’aime bien manger. Mais ce que j’apprécie le plus, c’est la convivialité qu’il y a autour de la cuisine. La cuisine, c’est un groupe, des amis. C’est une grande table, des repas qui démarrent à midi et qui ne finissent jamais.

La saisonnalité, la proximité. Est-ce que ce sont des choses que tu défends ?
Fulgence :
J’avoue, nous ne sommes pas parfaits là-dessus. Mais nous essayons. J’ai la chance d’avoir chez moi un potager. Je plante mes légumes. Les enfants vont cueillir les fraises, les framboises, les tomates cerises. J’ai des abricots, des citrons. J’avais des poules aussi. Le renard est passé par là. C’est vraiment quelque chose que j’aime. Si je peux leur transmettre ce goût, c’est bien. Je me régale dans mon jardin. J’ai été élevé comme ça, j’ai grandi au nord de Montpellier, à la “campagne”. On mangeait le raisin sur la grappe. On se promenait, on ramassait les champignons, les mûres l’été. Les asperges sauvages aussi.

Quel est ton meilleur souvenir de gastronomie ?
Fulgence : C’était en 2011, pendant la préparation pour la Coupe du Monde. On nous avait organisé un “combat” chefs contre joueurs. Nous avions réalisé l’œuf parfait de Constant. C’était un très bon moment.

Y a-t-il une recette qui a marqué un peu ton enfance ?
Fulgence : J’ai une “grand-mère” qui me faisait du riz au lait. Je n’ai jamais retrouvé ce goût. On nous a préparé un tartare de poisson, mais qui venait tout juste d’être pêché… le goût était incroyable, je n’ai jamais retrouvé cette saveur. J’avais douze ou treize ans.

 

Tu es né au Burkina Faso, tu es arrivé en France à l’âge de trois ans. As-tu eu l’occasion d’y retourner ? Cette tradition culinaire t’a-t-elle influencé ?
Fulgence : J’y suis très peu retourné. Je n’ai pas grandi avec cette cuisine mais ce qui m’a marqué, c’étaient les odeurs d’épices. Cela me faisait remonter des souvenirs. Enfin je ne sais pas si c’étaient de vrais souvenirs ou pas, mais j’avais l’impression de connaître.

Comment en es-tu venu à jouer au rugby ?
Fulgence : Par hasard. Maintenant que je suis parent, je comprends mieux. Les miens voulaient avoir du temps libre. Ils voulaient m’inscrire à un sport. À Saint-Jean-de-Cuculles, il n’y avait pas grand-chose à faire. À part du rugby. J’ai essayé, j’étais intrigué, je me souviens, parce qu’on me disait “il faut aller en avant, mais il faut faire des passes en arrière”. Je me suis dit “ils sont bizarres ces mecs. C’est quoi ce sport ?” (Rires)

À quel moment t’es-tu dit que finalement c’était quelque chose que tu voulais professionnaliser ?
Fulgence : Très tard, je suis arrivé à Montpellier à dix-sept ans. Ensuite, cela s’est très vite enchaîné pour moi. Après deux ans, je jouais mon premier match en équipe première. J’ai eu une sélection en équipe de France. À partir de là, je me suis dit que je pouvais peut-être en faire un métier.

Tu n’as jamais quitté Montpellier. Pourquoi ?
Fulgence : L’occasion s’est présentée, mais j’avais pris la décision de ne pas quitter Montpellier pour deux raisons. La première est relative à mon histoire personnelle. J’ai été déraciné très jeune. J’ai dû me reconstruire ici. Je ne voulais pas recommencer, c’était trop difficile pour moi. La seconde, c’est que j’ai eu la chance d’être dans un club relativement jeune et de pouvoir écrire certaines pages de son histoire. À 21 ans, j’étais appelé en équipe de France. Je suis devenu le premier international du club. Le premier à jouer en finale, le premier à gagner un titre de champion de France, le premier à gagner un Bouclier européen. Je suis le joueur avec le plus de matches au club. Ce genre de défi, je n’aurais pas pu le relever dans d’autres clubs.

Comment te sens-tu dans tes fonctions au club ?
Fulgence : Bien. Je continue à apprendre. Là cela va faire deux ans que j’ai ce rôle. Au fil du temps, je touche à différents domaines et cela me plaît d’avoir une vision plus globale. Ce que j’aimerais dans l’avenir, c’est piloter une vision, un projet. Et surtout, faire le lien entre la formation et l’équipe première.