Dans le pittoresque village de Valflaunès, blotti entre le Mont Hortus et le Pic Saint-Loup, se trouve le domaine viticole du Château de Valflaunès, une émanation palpable de l’âme de Fabien Reboul. C’est ici que ce vigneron aux racines profondément ancrées dans la terre nourricière du Pic Saint-Loup nous accueille avec une convivialité sincère, dans un domaine qui est bien plus qu’un vignoble, c’est une tranche de vie, une chronique en bouteilles du temps qui passe.
En 1998, Fabien hérite d’un rêve ancien, et d’une terre endormie depuis les années 1920, lorsque son arrière-grand-mère confectionnait du vin ici même. “Je suis originaire du village”, confie-t-il avec une lueur de fierté dans le regard, évoquant ses jeunes années à dévaler les pentes à vélo, s’abreuvant de l’histoire familiale que communiquait chaque recoin du domaine.
Ce sont ces souvenirs d’enfance, ce lien indéfectible avec Valflaunès, qui le poussent à défricher et planter, à reprendre le flambeau avec une vision claire et une détermination sans faille.
Chaque pas dans le vignoble révèle une partie de l’histoire de Fabien, un chapitre de son voyage depuis l’enfance rurale jusqu’aux formations à Carpentras, suivies de stages enrichissants en Bourgogne, aux Etats-Unis et en Nouvelle-Zélande. Une aventure globale qui l’a préparé à l’art subtil de la vinification : “J’ai toujours aimé le vin. J’ai baigné dedans”, confesse-t-il, un sourire nostalgique éclairant son visage.
La balade se poursuit, et nous voici au cœur du terroir, une merveille géologique d’argilo-calcaire qui confère aux vins du Château de Valflaunès leur minéralité distincte et leur fraîcheur surprenante. “Je fais le vin comme je l’aime, comme ça me plaît, à mon idée”, explique Fabien en détaillant son approche presque paternelle de la vigne.
Il aime travailler “le végétal”, favorisant la vie dans ses sols par l’apport généreux de matières organiques, cherchant constamment à honorer le terroir par des vins “digestes” et vivants. Nous bifurquons ensuite vers la cave où Fabien, avec la précision d’un maestro, dirige chaque étape de la vinification, qu’il tient à garder aussi naturelle et spontanée que possible. “Je laisse faire un peu la nature en cave”, avoue t- il, préférant la douceur d’une intervention minimaliste qui permet à chaque cuvée de s’exprimer librement, de trouver son propre équilibre, “je fuis la lourdeur”.
En écoutant Fabien, on comprend que chaque cuvée est une expression de moments de vie capturés dans des noms évocateurs comme “Un Peu de Toi” ou “Espérance”. “T’em T’em” est élevé uniquement en barrique”, partage-t-il, soulignant l’attention particulière portée à chaque étape de l’élevage, une démarche qui se reflète dans les créations finales, décrites comme équilibrées, élégantes, et surtout, sincères.
À 52 ans, Fabien n’est pas seulement le gardien de la vigne ; il est le gardien de souvenirs d’enfance, d’une histoire de famille qui continue de grandir et de fleurir sous sa gouvernance attentive. Dans sa quête de retrouver “l’image du vignoble que je connaissais enfant”, il plante des arbres fruitiers, envisageant un futur où d’autres enfants pourront, comme lui jadis, savourer des cerises et des poires au cœur des vignes. Alors que le soleil se couche sur le Pic Saint-Loup, illuminant les rangées de vignes qui s’étendent à perte de vue, on réalise que le Château de Valflaunès est plus qu’un vignoble.
C’est une expérience vivante, respirante, une déclaration d’amour à la terre, un hommage continu à l’héritage familial, et surtout, le témoignage sincère et vibrant d’un homme qui a dédié sa vie à la culture du plaisir, du partage, et du vin authentique.
Texte Marie Gineste / Photos Guilhem Canal
