Un zéphyr chargé d’arômes de basilic et de coriandre parcourt l’air, tandis que la généreuse terre d’un petit hameau près de Pézenas, Conas, dévoile ses secrets les plus savoureux. Ici, dans les entrailles de l’Hérault, les Jardins de Pézenas sont un éden où l’histoire des hommes et celle de la terre s’entrelacent avec passion. Entre les alignements sereins de légumes de saison, nous avons rencontré Florent Belle Albaret, en compagnie de Paul Courtaux, le chef du Saint-Georges à Palavas-les-Flots. L’occasion de revenir sur les raisons qui l’ont fait changer de vie pour devenir paysan à 35 ans.
Florent, 38 ans, a repris le flambeau des Jardins de Pézenas, un lopin de terre jalousement gardé par la famille Moutou depuis des générations, il y a maintenant un peu plus de deux ans. La rencontre avec Fabien et Geneviève Moutou sur le marché de Pézenas fut décisive. “L’agriculture est une histoire d’Homme, de terroir et de passion. J’ai été immédiatement séduit par la qualité de leurs produits. Le jour où Fabien m’a dit qu’il allait prendre sa retraite, cela a fait germer une idée folle au fond de moi et j’allais changer de vie. Je me suis dit “il faut que l’on perpétue ce savoir-faire parce qu’aujourd’hui, 90 % des légumes que l’on mange, c’est de l’industriel, qu’on le veuille ou non”.
Un calcaire argileux, un limon noir… les terres des Jardins sont particulièrement fertiles. Délaissant les étiquettes réductrices, il façonne un jardin diversifié, où la sagesse de la nature est respectée. “Le bio sur l’étiquette, c’est une belle supercherie. Nous, nous travaillons avec du bon sens. Dans le bio, tu as le droit d’utiliser des produits phyto ! La seule chose qui soit véritablement interdite, ce sont les herbicides. Nous, nous ne sommes pas certifiés bio mais nous passons le Rotofil, c’est tout”. Et pour ce faire, Florent use de techniques naturelles comme le guano de chauve-souris et les huiles essentielles.
Sur les deux hectares et demi, entre six serres et des terrains en plein champ, les Jardins offrent une symphonie de légumes de saison. Florent confie : “En ce moment, il y a des haricots, des aubergines, des tomates, des pommes de terre, des patates douces… On produit entre 50 et 60 catégories de légumes par an. Et de nombreuses variétés, rien que pour les tomates, on en cultive une vingtaine”. Les légumes sont ramassés quotidiennement puis stockés en chambre froide, avant de trouver leur place sur les étals des marchés de Pézenas et Castelnau-de-Guers ou dans les cuisines des restaurateurs de la ville.
L’effervescence du monde moderne semble avoir détourné les palais des saveurs authentiques. Florent s’inquiète : “Les gens se sont déconnectés complètement de la terre. Il faut que les légumes soient bio, mais à côté de ça, ils mangent des petits gâteaux bien industriels”. Il travaille assidûment, parfois seize heures par jour, pour maintenir la tradition des produits de qualité. Mais le temps file et Florent vise l’horizon. Dans sa quête, il aspire à trouver un responsable d’exploitation, ce qui lui permettrait de se focaliser sur la commercialisation et ainsi faire rayonner plus largement les Jardins de Pézenas.
Si l’homme est le gardien d’un héritage, c’est aussi un semeur d’avenir. À travers ses mains, c’est toute l’âme d’un savoir-faire qui germe. C’est une ode aux saisons, aux saveurs, et à l’humanité. Parce que oui, l’agriculture est une histoire d’Homme, de terroir et de passion, et c’est à travers les Jardins de Pézenas qu’une partie de l’histoire continue de s’écrire avec panache et dévouement.
Texte Marie GINESTE – Photos Guilhem CANAL
