Trois siècles. Six générations. C’est une extraordinaire histoire que celle de la famille Jeanjean. Celle d’un vignoble constitué de neuf domaines et d’une activité de négoce familial, devenu en 2010 le groupe AdVini.
Le 16 juin dernier, les Vignobles Jeanjean célébraient leurs 150 ans autour d’un prestigieux dîner préparé par les Chefs d’Oc. L’occasion de revenir sur leur histoire mais aussi sur leur aventure entrepreneuriale, familiale et humaine. Car au fil des siècles, il a fallu s’adapter à chaque époque, dépasser les crises, rebondir après les guerres, écouter les changements de consommation, anticiper les mutations de demain. « 150 ans, c’est une histoire de transmission, d’hommes et de femmes passionnés et engagés, mais c’est surtout une incroyable exception dans le monde des entreprises.
Pour résister ainsi au temps, il faut un ADN hors norme. Le vôtre, chez Jeanjean, c’est de croire en l’humain. C’est l’esprit de famille » a témoigné Pascal Blanchard, historien, lors du discours prononcé à l’occasion du dîner. C’est en 1872 que la saga familiale commence. Étienne-Maurice Jeanjean, 52 ans, dit « le Père la Minute », n’est alors qu’un simple aubergiste, lorsqu’il décide de se lancer dans le négoce de vins. Deux ans plus tard, pensant déjà à la suite, il passe la main à son fils Maurice-Vincent. Au même moment, le vignoble français va connaître la plus grande crise de son histoire. Le phylloxéra se répand comme une traînée de poudre. Mais Maurice-Vincent ne renonce pas et se bat pour le vignoble du Midi. Il se lance dans le troc de blé et de fourrage contre les vins d’Espagne afin de pouvoir continuer à servir ses clients et garder en vie son entreprise. Il innove, se bat, renouvelle les baux pour les vignes et les lieux de production pendant quarante ans, jusqu’à la Grande Guerre. En 1889, le chemin de fer lui permet de changer totalement la dimension de son entreprise. Mais alors que son fils, Maurice-François, est prêt à prendre les rênes, la guerre éclate.
Comme toutes les femmes à l’époque, son épouse et sa mère prendront en main l’entreprise de négoce et la sauveront. Avec le krach boursier de Wall Street en 1929, Maurice-François et son fils Paul vont faire évoluer leur métier pour devenir négociant expéditeur et axer leur travail sur la qualité et le choix sur mesure des vins. En 1930, ils achètent deux camions citernes et développent leur affaire en expédiant les vins sur les lieux de consommation, que ce soit vers la capitale parisienne ou dans les grands centres urbains provinciaux. L’année 1936 marquera un tournant pour la famille qui achète deux bergeries sur le plateau d’Aumelas, le Mas de Lunès et le Château Valoussière, transformées progressivement en chai et en vignoble. Une nouvelle fois, la guerre éclate en 1939. Paul passera cinq terribles années sous les drapeaux avant de succéder à son père en 1946. Véritable visionnaire, il ouvre deux magasins de vente au détail à Montpellier et remplace les chevaux par des engins motorisés. En vingt ans à peine, il façonne une toute nouvelle image de l’entreprise et entre dans une ère de modernité. À la fin des années 1950, Hugues et Bernard, deux de ses fils, se partagent la France en deux secteurs commerciaux qu’ils vont développer grâce à leurs nombreux déplacements. La filière commerciale du vin voit alors s’ouvrir devant elle de nouveaux horizons : la vente en hypermarchés.
L’entreprise Jeanjean sera évidemment au rendez-vous. Le cap de 250 000 hectolitres de vente par an sera franchi en 1965. Hugues et Bernard vont alors innover en ouvrant le premier site d’embouteillage de vins dans la région, à l’époque en bouteille plastique. C’est une révolution en Languedoc qui est alors le marché du vrac par excellence. En 1978 ils lancent la mise en bouteille chez les vignerons et deviennent éleveurs de vins. La touche Jeanjean se fixe et s’affine. Les vignobles Jeanjean feront le choix du terroir pour répondre à l’évolution du marché.
En un quart de siècle, les deux frères vont imposer leur vision du vin. Et être l’une des locomotives de la filière viti-vinicole du Languedoc. À partir des années 1990, la sixième génération, représentée par Brigitte, Frédéric et Philippe Jeanjean, va acquérir de nombreuses maisons et différents vignobles sur l’ensemble du territoire, de Châteauneuf-du-Pape à Cahors en passant par la Provence, le Roussillon, Saint-Emilion ou encore Chablis et jusqu’en Afrique du Sud. En 2010, le groupe Jeanjean donne naissance à AdVini. Désormais présente dans plus de cent pays, l’entreprise est reconnue pour la qualité et l’authenticité de ses vins. Il faut dire que dès 2003, le groupe entame un cycle de réflexion et de travail sur la durabilité au sein de son vignoble, sur ses pratiques environnementales, et sur son engagement sociétal dans toutes les régions où il est présent. La totalité du vignoble Jeanjean est cultivée en Bio, comme la majeure partie des maisons de vins d’Advini, voire même en biodynamie pour la maison Cazes. Et bien sûr, en figure de proue, la collection des neuf domaines des vignobles Jeanjean que cultive Brigitte Jeanjean avec ses équipes est aussi certifiée Bio.
Vignoble JEANJEAN
Avenue de l’Enclos
34725 Saint felix de lodez
https://www.vignobles-jeanjean.com/
