Isabelle VERMOREL

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Entre les femmes et le vin, c’est un peu une nouvelle histoire qui s’écrit. Maîtres de chai, sommelières, vigneronnes… Elles étaient minoritaires, mais les choses changent. Elles sont de plus en plus nombreuses à nous parler de vin. De son écosystème. Imposant une autre approche. De nouvelles exigences gustatives. Les femmes prennent leur place et font leurs preuves. C’est le cas d’Isabelle Vermorel, le nouveau visage des Grés de Montpellier. Consciente de la tâche qui l’attend, elle fait preuve d’un optimisme et d’une motivation sans faille. Tout comme d’une réelle ambition pour pérenniser et développer la notoriété de l’un des fleurons de l’appellation Languedoc.


Vous êtes le nouveau visage des Grés de Montpellier. Le vin et vous, c’est une histoire qui date…
Oui ! (Rires) Depuis plus de vingt ans ! J’ai effectué mes stages de fin d’études en commerce international à la cave coopérative de Calvisson puis au Château de la Tuilerie en Costières de Nîmes. Ces premiers pas dans l’univers du vin m’ont offert des opportunités d’évolution de carrière dans le négoce, puis en groupement de coopératives dans des fonctions commerciales puis de communication. Aujourd’hui j’endosse une nouvelle mission qui est, entre autres, celle de faire rayonner les Grés de Montpellier.
 
Quel est votre premier souvenir autour du vin ?
Il remonte à l’enfance. Lorsque je partais avec mes grands-parents passer l’été dans les Cévennes, mon grand-père avait pour rituel de s’arrêter sur la route pour faire le plein de vin à la cave de Corconne, territoire de Gravettes. C’était l’époque où nos anciens buvaient du vin à chaque repas. Très jeune j’ai donc été initiée aux plaisirs de la table, à humer le vin et siroter un fond de verre. Tout est une histoire d’éducation pour comprendre nos savoir-faire, notre art de vivre. Pour moi, il est important de cultiver ce fleuron de notre patrimoine français avec fierté.
 
Une rencontre qui a influencé votre parcours ?
Pas une, mais plusieurs rencontres… celles de ces hommes et de ces femmes paysans de la terre qui façonnent nos paysages et élaborent des vins avec passion. Souvent dans de rudes conditions. On dit que goûter des vins, c’est goûter des secrets ! J’aime aller à la rencontre de ces figures locales empreintes d’authenticité. Découvrir leur parcours. Comprendre leur métier, ce qui les anime. Cela m’inspire.
 
Selon vous, comment fait-on un bon vin ?
C’est une question d’alchimie entre le fruit de la nature, la vigne, son terroir, son climat et le travail du vigneron, sa philosophie, sa sensibilité, sa patience.
 
Quel vin recommanderiez-vous à quelqu’un qui voudrait découvrir notre vignoble régional ?
Un Grés de Montpellier de toute évidence ! parce qu’il exprime pleinement le Sud dans le verre avec des marqueurs bien méditerranéens : fruits rouges, garrigue, épices… révélant éclat aromatique, gourmandise en bouche et (des) tanins soyeux. Ces vins présentent un subtil équilibre entre puissance et finesse.
 
Quelle amatrice de vin êtes-vous ? dégustatrice ou collectionneuse ?
Je suis une « épicurieuse » avide de découvertes, et le vin est un voyage sans fin. Je dirais donc plutôt dégustatrice car j’avoue, je suis impatiente. J’ai du mal à laisser vieillir les flacons en cave (Rires). Même si j’en collectionne quelques-uns, notamment les millésimes de naissance de mes enfants.
 
Si vous ne deviez boire qu’une seule et dernière étiquette, quelle serait-elle ? Une signification particulière pour ce vin ?
Je pourrais vous citer une Grange des Pères, un Sancerre d’Alphonse Mellot, un Château Talbot ou encore un Almaviva dont je garde de délicieux souvenirs. Mais qu’importe le flacon, l’essentiel c’est de le partager ! Le vin, tout comme la gastronomie, est vecteur de convivialité. Un bon souvenir est toujours lié à une atmosphère, une ambiance.
 
Un bon repas s’accompagne donc d’une bonne bouteille…
Assurément oui ! Sinon, c’est comme un tournedos Rossini sans foie gras ! Le foie gras venant sublimer le tournedos.
 
En tant que gastronome, quel est l’accord mets et vin qui vous fait chavirer ?
Vins et fromages, c’est mon péché mignon ! Rouge comme blanc, accords à trouver selon les variétés.
 
Votre meilleur souvenir de gastronomie ?
Le Graal pour moi, c’est l’Auberge de Fontjoncouse de Gilles Goujon. Son « œuf pourri » ou encore ses rougets à la bisque de homard… Quelle explosion de goûts ! Une cuisine généreuse et raffinée qui reflète sa personnalité. Ce jour-là, le temps s’est suspendu ! Arrivés à l’heure du déjeuner, nous sommes repartis en début de soirée après avoir partagé un cigare et une coupe de champagne avec le chef dans son jardin. Cela reste un souvenir mémorable.
 
Est-il important pour vous de savoir qui se cache derrière l’assiette ?
Bien que je sois souvent attirée par la notoriété ou le bouche à oreille d’une bonne table, ce que je recherche avant tout, c’est l’émotion. J’apprends beaucoup des chefs en dégustant leur cuisine parce qu’à chaque assiette, ils révèlent une part d’eux-mêmes. Tout comme les vignerons dans leurs flacons.
 
Concernant votre actualité, quelles sont vos ambitions pour pérenniser et développer la notoriété des Grés ?
Aujourd’hui, la dénomination de l’AOC Languedoc. Le plus important est d’obtenir la reconnaissance en appellation à part entière. La démarche est en cours. Montpellier deviendra bientôt une ville associée à une appellation vin au même titre que Bordeaux. Parallèlement, nous travaillons avec les vignerons au développement d’un magnum gravé ambassadeur de l’appellation, après le succès rencontré par la bouteille de 75 cl. Nous œuvrons également collectivement à dynamiser notre territoire par des rencontres œnotouristiques qui conjuguent vin, gastronomie et patrimoine.

 


Texte Marie Gineste / Photos ©Guilhem Canal