Jean-Sébastien Ray

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Pour l’amour du poisson

Pêcheur à Palavas

Palavas, un matin de mai. Sur les quais, les pêcheurs étalent leurs prises du jour : soles, poulpes, rougets, dorades, seiches… Dans une ambiance de halles, les clients, habitués pour la plupart, déambulent de stand en stand. Rive droite, à deux pas du Casino, l’étal de Jean-Sébastien Ray. Un « reconverti », qui a choisi de devenir patron pêcheur « par passion », il y a 8 ans.
« Je ne viens pas d’une famille de pêcheurs, confie ce Montpelliérain de 37 ans. J’avais une entreprise de nettoyage, mais je pratiquais la pêche en loisir. J’ai été champion de France de chasse sous-marine. » « Bonjour, je viens chercher les solettes », sourit une dame. Les clients s’enchaînent. Jean-Sébastien Ray raconte avoir acheté son bateau, un fileyeur de 7 mètres et 2 tonnes, à un pêcheur de Marseille, en 2008. « Je vivais à Montpellier, j’ai choisi de travailler au plus près, à Palavas. » 

Depuis, il vend sa production en direct, sur le quai. « C’est intéressant financièrement, et il y a le contact avec la clientèle. » Ce matin, à 4 h, il est sorti avec son marin Philippe Lalande, pour lever ses 5 kilomètres de filets. « Selon les saisons, on travaille entre la Grande-Motte et Frontignan. » De retour depuis 7h15, il restera sur les quais jusqu’au milieu d’après-midi. Juste derrière, son marin et une employée nettoient les filets. Une activité quotidienne « essentielle. Selon les jours, ils peuvent être très sales, avec des pierres, des algues. »

Il est rare qu’il rentre bredouille. « On n’a pas à se plaindre, niveau poisson. Soles, turbots, escargots, c’est très correct ! » Il est même est devenu une bonne adresse des chefs. « Je travaille avec quelques restaurants : La Réserve Rimbaud, le Saint-Georges, le Mazerand… En ce moment, Charles Fontès me prend les grosses dorades. En général, les chefs aiment les produits assez prestigieux : loups, turbots, soles… Ils respectent le produit, le mettent en valeur. Cela fait plaisir. »

À Palavas, ils ne sont même plus de 10 bateaux à vendre leur pêche. « C’est un métier qui se perd, regrette Jean-Sébastien Ray. C’est trop dur, on fait trop d’heures. Certains jours, on commence à 3h, pour finir vers 19h. Car après la vente, il faut retourner à la mer pour caler les filets ! » Cela ne laisse pas beaucoup de temps pour la vie privée, 4 à 5 jours par semaine.
« J’ai une femme, un enfant. C’est un peu compliqué comme rythme. On gagne sa vie correctement, mais on est obligé de travailler énormément. Parfois, on enchaîne 8 jours d’affilée… »

Heureusement, l’effort est souvent récompensé. « Au moins une fois par mois, on fait une grosse pêche. Ces jours-là, tu es vraiment content. Le moment où tu lèves le filet, c’est toujours un peu magique. » Justement, un client lui rappelle la baudroie de 12 kilos qu’il a pêché la semaine passée. Jean-Sébastien Ray pèse, écaille, vide, rince, et emballe le pois-son. « On vend notre pêche du matin. Plus frais, c’est pas possible ! » Parfois, un client de Montpellier se présente. Ils sont rares à connaître le bon filon de Palavas : « Ici, c’est plus frais, et moins cher que chez le poissonnier ! »

GWENAËL CADORET
Rive droite, face à l’hôtel Le France. 
Du mercredi au dimanche 
06 63 14 61 53